Une journée mémorable pour les fans de la légende du rock kabyle, ce mythique groupe qui a bercé des générations entières : les Abranis. Un vibrant hommage leur a été rendu cette semaine trois jours durant à la maison de la culture de Tizi Ouzou, en présence d'une foule nombreuse et d'anciens artistes de la région. En effet, c'était samedi dernier à la salle des spectacles de la maison de la culture Mouloud- Mammeri de Tizi Ouzou que Karim Abranis et sa troupe ont animé un concert que le public ne risque pas d'oublier de sitôt. Pour clôturer les trois jours dédiés à ce groupe phénoménal, les organisateurs de cet événement, à savoir la direction de la culture et la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou n'ont pas omis, cerise sur le gâteau, de programmer un concert magistralement exécuté par les éléments du groupe qui ont eu à bercer, en alternant rock, swing et blues, un public sans cesse subjugué et emporté dans un torrent de plaisir qui frise l'extase. En prime, le gala a été ouvert par le jeune chanteur Smaïl Kessail qui a interprété quelques chansons de son album Anazur ! Ce jeune artiste en herbe qui a sans doute puisé du style des Abranis dira, dans une parfaite sobriété d'esprit, qu'il lui était difficile de trouver le parfait vocable pour remercier les Abranis. «Je remercie Karim de m'avoir invité, je suis plus que ravi. C'est un rêve qui se réalise», nous dira Smaïl. C'est une salle archicomble qui recevra par la suite Karim et le reste du groupe sous un tonnerre d'ovations. Des chansons phares, à l'instar d'Avehri (La brise) ou Tizizwa (Les abeilles) ont été chantées en chœur par un public assoiffé. Ils ont interprété, entre autres, quelques titres de leur nouvel album Rwayah qui fait un tabac en ce moment. A la fin du gala un tapis berbère a été remis par Salamani Djamal, directeur de la protection civile de la wilaya de Tizi Ouzou en guise de remerciements à ceux qui ont bercé des générations et des générations avec leurs musiques et chansons. Début des années 70, Karim, Samir Chabane, Mad Mahdi et Shamy El Baz, un groupe d'amis passionnés de musique anglo-saxonne qui ont eu les Pink Floyd, Deep Purple et Beatles comme influences musicales, décidèrent de monter un groupe. Une manière pour eux d'associer leur style rock à leur langue kabyle. Un style nouveau qui a été vu au début comme étrange par la plupart des Algériens qui n'étaient pas habitués à cet univers musical. Leur répertoire est d'une richesse inestimable. De la vie sociale à l'immigration en passant par les sentiments, la spiritualité et la philosophie, les Abranis ont presque tout chanté. Ils enchaînèrent les chansons qui deviendront au fil du temps des légendes telles que Avehri, Tizizwa, Lynda et ce, malgré les moyens qui faisaient défaut à leur début. Abranis, une légende qui a assumé un parcours militant, tant en faveur des aspirations laborieuses que pour la défense des droits humains. Près d'une cinquantaine de musiciens et chanteurs ont composé le groupe depuis sa naissance avec, comme déclencheur, un esprit d'innovation permanente soutenue par une capacité managériale qu'assure Karim Abranis. Un nouveau souffle est donné au créateur des tubes immortels avec une composante à majorité jeune et une démarche de production de spectacles digne des grands groupes. Les Abranis ont enfin retrouvé leur public dont les rangs ne cessent de s'agrandir. Ce qui a été prouvé durant leur passage samedi dernier à Tizi Ouzou.