Une majorité – parlementaire s'entend – applaudit et… une majorité constituée de partis dits de l'opposition et d'autres prétendant au statut de formation politique dénonce, voire rejette en bloc la nouvelle loi sur les partis politiques qui vient d'être adoptée. Un statu quo généré pour certains par le souci de réformer «coûte que coûte», «à l'emporte-pièce», qui risque encore une fois de «bloquer» l'activité politique longtemps mise en veilleuse. Pourtant, l'intention «bonne ou mauvaise» était de lui permettre une seconde éclosion. Une «redynamisation» suivie de beaucoup d'interrogations. Tout comme pour le FLN, dont les représentants estiment que le texte est «une avancée importante» dans la pratique politique et répond aux aspiration de «la majorité», il n'y a aucune zone d'ombre pour le RND, parti du Premier ministre Ahmed Ouyahia. Pour Miloud Chorfi, chef du groupe parlementaire de cette formation, qui a aussi applaudi le texte, son adoption «se veut une réponse à tous ceux qui ont émis des doutes quant à la manière avec laquelle l'APN traitait ces projets de loi». «L'important» texte organique sur les partis, qui constitue pour lui «une base référentielle» pour les réformes politiques engagées, «bat en brèche la surenchère de certaines parties qui ont accusé l'APN et les partis de la majorité d'avoir voulu entraver l'adoption du projet de loi en question». Une réponse destinée à plusieurs députés de l'opposition mais aussi et surtout au MSP, l'autre formation de l'Alliance, qui bascule désormais dans l'opposition se disant non satisfaite «du travail fait par la commission juridique». Pour le MSP, qui votera aussi contre les projets de loi restant (information, associations), les réformes «sont vidées de leur substance». Selon Chorfi, le texte est «plus précis» car il est venu pour «enrichir la scène politique à travers l'agrément de nouveaux partis». Que pensent ces derniers dont certains attendent leur agrément depuis des lustres ? Même s'il se félicite de l'amendement apporté à l'article 87 du texte, allant dans le sens de l'assouplissement de la procédure d'agrément», Amara Benyounès, président de l'UDR, parti qui existe depuis 2004, reste confiant quant à l'aboutissement du dossier d'agrément de son parti, mais regrette, toutefois, la consécration de la mainmise de l'administration sur les partis. «Le pouvoir vise à fermer le champ politique et à renforcer son contrôle sur les partis» La loi n'a, hélas, rien apporté de nouveau à ses yeux, dans la mesure où, en plus de «la lourdeur des dossiers d'agrément», le fait qu'il y ait une loi sur les partis est déjà une «mainmise de l'administration en soi». Favorable au système déclaratif, Amara Benyounès dira toutefois respecter les lois de la République et va «s'y conformer». Le Front national pour le changement (FNC), un parti islamiste lancé il y a presque année par les dissidents du MSP, à leur tête Abdelmadjid Menasra, qui met en garde contre «le recul dangereux» que prennent les réformes, estime, dans un communiqué rendu public hier, que la loi sur les partis n'a apporté aucune disposition nouvelle pour permettre aux Algériens de jouir de leur droit de faire de la politique garanti par la Constitution». Pour Menasra, qui accuse les partis de l'Alliance d'être un «rempart» contre «les véritables réformes», le texte ne garantit pas «une concurrence équitable entre les partis». Conscient des enjeux que présentent les élections législatives de 2012, et alors que les délais d'agrément sont maintenus dans la nouvelle loi, il appellera les pouvoirs publics à accélérer les démarches d'attribution d'agrément aux nouveaux partis «pour garantir une juste concurrence lors des prochaines élections». Tout retard pour lui est «synonyme de pression sur les nouveaux partis» et «dénuera ces élections de toute crédibilité». Dans le camp élargi des opposants au projet de loi, le PT, contrairement à ses habitudes «abstentionnistes», a, cette fois-ci franchi le pas en votant contre le texte alors que le RCD fidèle à sa ligne, et le FNA, ont carrément boycotté la séance. Le FFS, qui ne participe pas à ce qu'il a toujours appelé une «mascarade», a réagi par le biais de son nouveau secrétaire national Ali Laskri qui estime qu' «à travers les lois adoptées par l'Assemblée populaire nationale, le pouvoir vise à fermer davantage le champ politique et à renforcer son contrôle sur les partis en vue de leur normalisation». Considérant l'ensemble des loi comme des copies des anciennes lois «qui imposent l'hégémonie du ministère de l'Intérieur sur la vie politique nationale», le FFS, qui croit en la possibilité d'un changement pacifique, prône la «conjugaison des efforts des forces politiques effectives et des forces sociales et syndicales autonomes ainsi que les personnalités politiques crédibles». La solution à la crise algérienne ne peut, selon lui, «venir que d'un débat sérieux entre les Algériens, les différentes sensibilités politiques et les personnalités politiques représentatives, ainsi que par la mise en place de mécanismes juridiques et d'une ambiance nécessaire à l'élection d'une Assemblée constituante souveraine qui permettrait l'avènement de la deuxième République». D 'aucuns estiment qu'il n'y a aucune volonté des pouvoirs publics de libérer le champ politique. Un membre de la commission de l'APN nous déclarait, récemment, sous le sceau de l'anonymat, que «seulement 4 à 5 partis seront agréés». Une affirmation qui risque de devenir réalité.