«Mes entretiens hier avec le ministre russe des Affaires étrangères nous confortent dans notre conviction que les relations entre nos deux pays ne peuvent que se renforcer et tirer avantage des fabuleuses potentialités de nos deux économies et de l'estime et du respect que se vouent les deux peuples», a déclaré hier Mourad Medelci à Moscou devant un parterre de diplomates, universitaires et chercheurs, lors de son intervention au forum de la revue La vie internationale. En visite de trois jours en Russie, le ministre algérien a noté avec satisfaction les progrès réalisés dans la coopération bilatérale, avec la tenue de plusieurs rendez-vous d'affaires dans les deux pays. Sur le plan économique, le ministre a expliqué que les économies des deux pays sont aujourd'hui confrontées aux mêmes défis, ceux de la modernisation et de la diversification, de l'efficacité énergétique et de l'entrée dans l'ère de l'économie de la connaissance, en soulignant que l'Algérie observe avec «le plus grand intérêt»le plan de modernisation initié par la Russie. Le chef de la diplomatie algérienne a également ajouté que l'Algérie suit avec attention les efforts inlassables de la Russie sur la scène économique mondiale, notamment pour la réforme du système financier international et pour conjurer le spectre d'une nouvelle crise globale. Au plan international, M. Medelci a déclaré que l'Algérie apprécie hautement le rôle positif et équilibré de la diplomatie russe et souligné la vocation de ce grand pays à prodiguer une action de premier ordre dans les relations internationales, dans le sens de la légalité internationale, de la stabilité et de la prospérité partagée. Il a dans ce sens salué la détermination russe pour organiser à Moscou une conférence internationale sur le Moyen-Orient pour conférer, a-t-il dit, vitalité et consistance au processus de paix et promouvoir un climat propice au dialogue et à la proximité. Situation préoccupante du Sahel Mourad Medelci a évoqué la situation préoccupante dans le Sahel après les avènements tragiques survenus en Libye. «La situation au Sahel, déjà préoccupante avec la conjugaison des effets de la pauvreté, du trafic illicite des armes et du trafic de drogues, s'est aggravée au lendemain des évènements de Libye, et la dispersion de tonnes d'armes sophistiquées dans tous les pays de la région», a déclaré M. Medelci. Cette situation critique s'ajoute aux problèmes de «sous-développement et d'insécurité qui doivent être résolus de manière conjointe et globale à travers la stabilisation des populations locales et l'amélioration des conditions de vie», a-t-il indiqué. Il a, à ce propos, fait part de la contribution de l'Algérie à travers notamment la réalisation du projet d'intégration sous-régionale de la route transsaharienne, désormais réalisée, a-t-il relevé, à plus de 80%, ainsi que par la réalisation directe de projets de développement pour les pays concernés. Il a expliqué que les pays du Sahel se sont, en outre, organisés avec la participation active de l'Algérie, pour que les questions concernant la sécurité soient prises en charge par ces pays eux-mêmes sans l'exclusion la coopération avec d'autres pays quand celle-ci s'avère nécessaire. Il a, par ailleurs, rappelé que «l'Algérie et la Russie sont actuellement contre le terrorisme international et qu'elles enregistrent chaque jour des avancées significatives pour l'élimination de ce fléau pour la sauvegarde de la sécurité». A propos du problème du payement des rançons aux terroristes, Medelci avance que «c'est l'expression la plus dangereuse et la plus immorale et doit cesser au nom du respect du premier des droits de l'Homme, visés par les armes et les explosifs achetés avec le produit de ces mêmes rançons». Relations algéro-marocaines Le ministre des Affaires étrangères a réaffirmé que les relations algéro-marocaines transcendent la conjoncture que traverse la région, soulignant que les deux pays «se sont engagés dans une coopération plus large». A une question sur «l'engagement des décideurs des deux pays pour la normalisation des relations et l'ouverture des frontières entre l'Algérie et le Maroc, M. Medelci a précisé : «Nous espérons trouver des solutions à tous les problèmes avec le Maroc par étapes et en fonction de la situation et de notre volonté d'amorcer une relance solide et transparente dans l'intérêt des deux peuples et des deux pays». A propos du projet de l'UMA, le ministre a déclaré que l'Algérie reste plus que jamais attachée à la construction d'un ensemble économique d'intégration à travers cette union, en soulignant que «les développements constatés sont dus à la divergence des politiques économiques ou autres». Selon lui, «l'Algérie a fonctionné pendant vingt ans avec un système centralisé où le secteur public avait un quasi-monopole des relations économiques et de la production alors que le Maroc était ouvert au libéralisme. Les régimes étaient alors différents au plan politique». Après certains changements et les évènements qu'ont connus les pays arabes, «ces régimes se sont rapprochés petit à petit au plan politique et autour d'un projet clair». Il a affirmé, dans ce contexte, que «la convergence aux plans économique et politique allait permettre d'aller de l'avant». «Ce rêve que nous caressons depuis bien longtemps est aujourd'hui une nécessité». La position de l'Algérie sur la crise syrienne M. Medelci a souligné le rôle de l'Algérie pour promouvoir la paix, la solidarité et le développement dans son environnement. «Mon pays mène des efforts continus pour promouvoir la paix, la solidarité et le développement dans son environnement africain, arabe et méditerranéen. L'Algérie déploie son énergie et sa sensibilité pour que se substitue un monde de partage et de justice au climat d'insécurité et de marginalisation», a-t-il souligné. Concernant la crise syrienne, le ministre a rappelé le rôle de l'Algérie dans la Ligue arabe, estimant être dans une situation où «d'une main nous exerçons une pression positive et fraternelle sur le gouvernement syrien, et nous tendons l'autre main à la fois au gouvernement et à l'opposition pour pouvoir créer les conditions d'un dialogue constructif». Par ailleurs, le ministre a dressé un schéma sur le développement et les réformes instaurées en Algérie en vue d'instaurer «plus de libertés, de transparence de participation des femmes aux assemblées élues et plus d'ouverture au plan politique et économique».