Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a exhorté samedi les députés français à ne pas voter une proposition de loi "électoraliste" qui rendrait passible de poursuites au pénal la négation du génocide arménien, que la Turquie nie, sous peine de répercussions "graves" sur les liens bilatéraux. Le texte, qui prévoit une peine d'un an de prison et une amende de 45.000 euros en cas de contestation du génocide arménien, doit être examiné le 22 décembre. "J'espère que l'Assemblée nationale française fera rapidement marche arrière, en ne commettant pas l'erreur de pénaliser la négation de mensonges historiques (...) La Turquie s'opposera par tous les moyens diplomatiques à ces démarches populistes, injustes et illégales", a dit M. Erdogan devant la presse à Istanbul, après avoir reçu le président du Conseil national de transition (CNT) en Libye, Moustapha Abdeljalil. M. Erdogan a souligné que cette proposition de loi était de caractère "électoraliste" car elle intervient avant les élections présidentielles de 2012 en France qui compte une importante diaspora arménienne. Il a rappelé avoir envoyé une lettre au chef de l'Etat français Nicolas Sarkozy, lui demandant de barrer la route à ce texte, menaçant sinon de "conséquences graves, irréparables" pour les relations turco-françaises. M. Erdogan a en outre évoqué le passé colonialiste de la France et affirmé que ce pays avait commis des "tueries inhumaines" en Algérie et au Rwanda. "Si les parlementaires français veulent se pencher sur l'histoire, je leur conseille de faire la lumière sur les événements survenus en Algérie, au Rwanda. Qu'ils élucident le rôle des soldats français", a-t-il dit. "Aucun historien, aucun homme politique ne peut voir de génocide dans notre passé. Ceux qui veulent voir un génocide doivent se tourner vers leur histoire sale et sanglante", a ajouté M. Erdogan. La Turquie a déjà averti qu'un vote favorable entraînerait le rappel pour consultations de l'ambassadeur en France et le gel de toute coopération avec Paris. Pour les Arméniens et une vingtaine d'autres pays, l'Empire ottoman a orchestré de 1915 à 1917 un génocide qui a fait 1,5 million de morts.