José Bové a exprimé encore une fois, hier, sa ferme opposition à la rénovation de l´accord de libre-échange entre l´Union européenne et le Maroc. L'europarlementaire français, soutenu dans son initiative par un grand nombre de ses pairs, a fait savoir qu´il introduirait un recours devant la Cour européenne contre une éventuelle adoption de cet accord, la semaine prochaine, par le Parlement de Strasbourg. Au cours d´une conférence de presse, qu´il a animée conjointement avec les représentants des agriculteurs espagnols et français, les plus lésés par cet accord, l´eurodéputé a expliqué les raisons de son opposition à un tel accord que l´Espagne a qualifié de «déséquilibré» et de «préjudiciable» à ses intérêts. M. Bové estime que cet accord viole le droit international car «la majorité des exploitations agricoles marocaines se trouvent au Sahara occidental occupé, un territoire dont le statut juridique n´est pas encore tranché aux Nations unies et sur lequel le Maroc ne peut pas faire valoir de titre de souveraineté. La famille royale serait le grand propriétaire des terres cultivables de Dakhla. La seconde raison est plus commerciale, dans la mesure où l´accord en question est préjudiciable à la production agricole des pays du sud de l´Europe dont les marchés sont inondés par l´écoulement des fruits et légumes en provenance du Maroc. Ce pays, en plus, ne respecte pas ses quotas. En 2011, il a doublé le volume de ses exportations de tomates sur les marchés espagnol et français. Les eurodéputés ont, en outre, souvent attiré l´attention de la Commission européenne sur la surexploitation par les agriculteurs marocains des réserves hydriques locales, dans une région semi-aride, faisant courir le risque d´une catastrophe écologique au Maghreb. Ressources d'un territoire occupé Par ailleurs, l´initiative franco-espagnole sur la reconduction de l´Accord de pêche UE-Maroc, signé en février 2007 et qui parvient à expiration à la fin de ce mois, s´est heurté, mardi, pour ces mêmes raisons politiques, commerciales et écologiques, à l´hostilité des partis de gauche et des formations nationalistes basques. Ces derniers ont insisté sur le respect des droits de l´homme dans l´ancienne colonie espagnole et de la légalité internationale qui exclut toute exploitation des ressources d´un territoire non autonome. Passant outre cet aspect du droit, le gouvernement Rajoy avec l´appui des Socialistes entend, en cette période de grand chômage, relancer le secteur de la pêche dont les activités ont baissé de 50% depuis que le Maroc a ordonné aux chalutiers européens, en majorité espagnols, de quitter ses eaux territoriales et celles du Sahara occidental. Rabat avait réagi au veto opposé, en novembre dernier, par le Parlement de Strasbourg à la reconduction de cet accord. Les europarlementaires, à leur tête José Bové, avaient estimé que le Maroc ne redistribue pas au profit des populations sahraouies la somme de 36,1 millions dont il bénéficie de l´UE, se livrant à la surexploitation des ressources du Sahara occidental, un territoire sur lequel il n´a pas de titre de souveraineté.