La situation sécuritaire et humanitaire en Libye est de plus en plus préoccupante. Ces dix derniers jours, plus de 100 personnes ont déjà été tuées et des dizaines d'autres blessées dans des combats à Koufra, dans le sud-est, ont rapporté plusieurs médias. Cela sans oublier les quantités d'armes découvertes aussi bien en Algérie, en Tunisie qu'en Egypte. Des spécialistes ont même relevé que les combats au nord du Mali ont un lien direct avec la Libye. La communauté internationale devra réagir et trouver la solution idoine à cette situation, aggravée par des abus des droits de l'homme. Face à la situation de non-Etat, les milices des ex-combattants font désormais la loi dans le pays et, pratiquement, chaque jour, des combats meurtriers et des règlements de comptes sont rapportés par des médias présents sur place. Les violences et les exactions sont banalisées à telle enseigne que le nombre de morts se compte en dizaines, voire en centaines, et ce dans l'indifférence totale des pays qui ont soutenu la rébellion au régime de Kadhafi. Plusieurs associations internationales continuent à dénoncer de «graves abus», voire des crimes de guerre commis à l'encontre des prisonniers, des intellectuels et des anciens fonctionnaires, ainsi qu'à des populations pour des raisons ethniques (Noirs, Arabes…) et religieuses (les zaouïas). La révolte, menée au nom des droits de l'homme, est ternie par ces actes et relance sérieusement la question sur la nécessité de cette action et la responsabilité de ses initiateurs. Il serait difficile aujourd'hui de convaincre l'opinion publique internationale sur l'aboutissement de la révolution libyenne étant donné les conséquences humaines et matériels engendrées par ce conflit. Des médias occidentaux et arabes relèvent régulièrement des détentions illégales, la torture des détenus et des actes de vengeance à l'encontre parfois de communautés entières qui sont expulsées de leurs maisons, de leurs villages. L'armement détenu par des citoyens libyens et faisant l'objet de contrebande inquiète de plus en plus et constitue un véritable danger sur les pays de la région du Sahel et de l'Afrique. Outre les quantités d'armes découvertes en Algérie et en Tunisie, dont des missiles pouvant atteindre des avions civils, on signale que des armes libyennes ont été vendues en Egypte par des contrebandiers. Le quotidien égyptien Al-Ahram, se référant aux déclarations du chef de la police criminelle, le général Ahmed Helmy Azab, a rapporté dans l'une de ces récentes éditions que le libre trafic d'armes, ramenées en contrebande en provenance de Libye sur le territoire égyptien, est une des causes de la dégradation de la sécurité dans ce pays. Les chiffres ne manquent pas pour montrer l'ampleur du phénomène. Au cours d'une année, 6 000 armes à feu ont été saisies. En Tunisie, c'est le ministre de l'Intérieur qui a tiré la sonnette d'alarme, avouant que des «groupes terroristes ont commencé à stocker des armes afin de perpétrer des actes terroristes dans la région du Maghreb». L'entrée illégale des armes libyennes au Mali et au Niger n'est pas en reste, poussant aujourd'hui les autorités de ces deux pays voisins à condamner fermement l'option d'armement des rebelles libyens appuyée par plusieurs pays occidentaux et arabes durant la guerre contre le régime de Kadhafi. Des militaires maliens se disent confrontés à des rebelles touareg lourdement armés. Il serait difficile de stabiliser la situation dans la région. La communauté internationale est interpellée et devra donc prendre les mesures qui s'imposent face à cette situation.