Des citoyens habitant le bidonville de haouch Fafi dans la commune d'El Achour sont sortis, hier, dans la rue d'Alger-centre crier leur colère suite à l'effondrement de leurs domiciles causé par les dernières intempéries. Les protestataires se sont regroupés, devant le siège de la wilaya, sous bonne garde des forces de l'ordre. Deux des représentants des protestataires ont été reçus par le wali délégué d'Alger, lequel a promis de les reloger prochainement. Les autres se sont dispersés dans le calme sous la pluie qui tombait. Ces habitants des hauteurs de la capitale ont choisi de se retrouver au centre-ville dans l'espoir de se faire entendre. L'effondrement de ces habitations précaires à cause de la pluie et de la neige ont été bâties sans autorisation et de manière anarchique sur des falaises et dans des ravins sans hors des normes requises pour ce genre de construction. Glissements de terrain, infiltrations des toitures et des murs des fondations par l'eau ont été, comme il fallait s'y attendre, le résultat de cette négligence qui aurait pu être plus désastreuse. Les résidents de ces quartiers dénoncent le silence des pouvoirs publics et des élus car, selon eux, ni les représentants de leur APC ni la Protection civile ne sont venus constater les dégâts. «La Protection civile s'est déplacée une fois pour relever les dégâts, a pris nos noms et n'est plus revenue», dénoncent les protestataires. Venus pour la plupart des quartiers de Boumerdès touchés par le séisme de 2003, ces citoyens ont été temporairement relogés dans des cités à El Achour pour une période d'une année. En 2004, les propriétaires des appartements les ont expulsés et les pouvoirs publics leur ont fourni des matériaux de construction pour ériger des baraques au niveau du haouch Fafi. En 2005, ils ont déposé leurs dossiers au niveau de l'APC d'El Achour pour l'obtention d'un logement participatif et attendent toujours. Lors du recensement de 2007, les agents de l'APC ont relevé leurs noms, et ce n'est qu'en 2011 qu'ils obtiennent l'attestation de recensement leur permettant plus ou moins de bénéficier de l'aide de l'Etat. Ils subissent depuis deux semaines les désagréments des perturbations climatiques et demandent d'être inscrits en priorité sur les listes des bénéficiaires de logements. Ils sont ballottés entre l'APC, la daïra et la wilaya sans qu'aucune autorité n'arrive à trancher leur situation qui perdure depuis des années. «Les bénéficiaires des logements sociaux sont tous des étrangers à notre commune et se voient attribuer des logements illégalement», dénoncent-ils. Ces «sinistrés» prennent leur mal en patience et espèrent des jours meilleurs, mais sans lâcher prise, car ils menacent d'assiéger l'APC d'El Achour avec leurs familles. Un citoyen nous a dit qu'il dort sur des plaques en acier et que toutes ses affaires ont été inondées. «Je ne m'inquiète que pour la santé de mes enfants, qui risquent d'attraper n'importe quelle maladie dans ces conditions de vie», Et d'ajouter : «J'ai dépensé tout mon salaire pour acheter des raticides pour que mes enfants ne soient pas contaminés.» Des conditions de vie déplorables entre coupure d'eau et d'électricité, maisons vétustes qui risquent de s'écrouler à tout moment. «La plupart des habitants sont tombés malades en raison de la saleté des quartiers et de la rupture d'un égout à proximité», témoignent les protestataires. Dans l'attente d'être relogés, les quarante familles affectées par l'intempérie du bidonville de haouch Fafi font preuve de solidarité. «Nous essayons avec les moyens du bord de boucher les fissures et de s'héberger mutuellement. Hélas, c'est toutes les maisons qui sont touchées», soulignent-ils.