L'Association française des vétérans des essais nucléaires (AVEN) a appelé les autorités de la République à lever le secret-défense pour que la vérité éclate et permette aux victimes d'être indemnisées au nom de l'égalité face à la maladie de personnes entraînées dans des expériences à leur corps défendant. L'AVEN réagissait au communiqué du ministère français de la défense, diffusé mercredi, faisant suite à une réunion de la commission de suivi des conséquences des essais nucléaires tenue en son siège en présence des associations membres de la commission de suivi, dont l'AVEN, des représentants polynésiens de Moruroaet Tatou et de la FNOM (Fédération Nationale des Officiers Mariniers en retraite et veuves). Le ministère y annonce notamment que toutes les demandes d'indemnisation des personnes s'estimant victimes des essais nucléaires conduits par la France de 1960 à 1996 "vont être réexaminées". Pour le président de l'AVEN, c'est "encore une fois un effet d'annonce de la part de l'Etat" et la "transparence dont il se réclame serait de lever le secret-défense pour que la vérité se fasse jour, au nom de l'égalité face à la maladie de ces hommes entraînés dans des expériences à leurs corps défendant". Il a aussi déploré que la méthode choisit du Comité d'Indemnisation (CIVEN), qui en s'appuyant sur un savant calcul de probabilité de risques indexé sur une valeur dosimétrique inexistante, entraîne le rejet de 99% des demandes d'indemnisation, n'est pas remise en cause, ni d'ailleurs la position du Ministre qui 'est juge et partie". Interrogé sur les victimes algériennes, M. Sans a affirmé à l'APS qu'il "était le seul - même s'il n'a pas été mandaté pour - à évoquer le cas des populations du Sahara algérien", victimes de ces essais. "Si l'élargissement de la zone des retombées étendue à l'ensemble de l'Ile de Tahiti ne tient pas compte des atolls se trouvant sur le chemin du nuage entre Moruroa et Tahiti (Tematangi), pour l'Algérie aucune mention sur un éventuel élargissement de zones de retombée n'a été retenue", a-t-il dit. La loi Morin de 2010 situe les zones et périodes de résidence ou de séjour de l'intéressé (victime) soit entre le 13 février 1960 et le 31 décembre 1967 au Centre saharien des expérimentations militaires, ou entre le 7 novembre 1961 et le 31 décembre 1967 au Centre d'expérimentations militaires des oasis ou dans les zones périphériques à ces centres. Selon le président de l'AVEN, 19 dossiers d'indemnisation de victimes algériennes ont été soumis au comité ad-hoc (CIVEN). "Ce sont des dossiers qui seraient recueillis par l'ambassade de France à Alger et soumis au Comité. Ils sont soit en cours d'instruction ou faisant partie du grand lot des rejets", a-t-il confié, signalant qu'au total quelque 684 dossiers d'indemnisation ont été soumis au CIVEN. A ce jour, seuls quatre cas ont été indemnisés par le ministère français de la défense, trois faisant partie de l'AVEN et un Polynésien. La deuxième réunion de la Commission consultative de suivi des conséquences des essais nucléaires présidée mardi par le ministre de la Défense avait pour objet aussi de présenter aux associations, conformément à la demande du Président de la République, le nouveau projet de décret d'application de la loi du 5 janvier 2010. Dans un message adressé le 6 février aux Polynésiens, Nicolas Sarkozy avait annoncé la publication prochaine d'un nouveau décret portant sur la reconnaissance et l'indemnisation des victimes des essais nucléaires menés par la France "dans le Pacifique". "C'est un vrai deux poids, deux mesures. Si comme si qu'il y avait des êtres humains d'un côté, et des non humains de l'autre", avait commenté un responsable d'une association versée dans la protection de l'environnement, sous couvert de l'anonymat.