Le Maroc et le Front Polisario doivent se retrouver du 11 au 13 mars prochain à Manhasset, près de New York, pour un 9e round de négociations informelles. Les rencontres précédentes ont toutes été infructueuses, tant les positions des deux parties en conflit demeurent éloignées. Rabat persiste dans son rejet de toute base de travail autre que son plan d´autonomie pour l´ancienne colonie espagnole qu´il occupe militairement depuis 1975. Le Front Polisario, de son côté, s´en tient fermement au droit du peuple sahraoui à l´autodétermination. La ténacité de Christopher Ross Loin d´être découragé par l´écart des positions des deux parties, le représentant personnel du secrétaire général de l´ONU, le diplomate américain Christopher Ross, veut encore croire en un «nécessaire compromis» susceptible d´ouvrir la voie à la recherche d´une solution au problème de la dernière colonie en Afrique. M. Ross mise sur les changements démocratiques en cours dans la région, sur fond de «Printemps arabe», pour arracher ce compromis. Un pari qui peut avoir un sens si les populations des territoires occupées se soulèvent massivement contre l´occupant, comme il l´ont fait déjà en mai 2005 dans la plupart des villes du Sahara occidental, puis en novembre 2010 dans le camp de toile Gdeim Izik, aux abords d´Al Ayoune. L´opinion mondiale avait réagi alors avec beaucoup d´émotion pour dénoncer les violations des droits de l´homme au Sahara où des manifestations violemment réprimées se sont produites une nouvelle fois la semaine dernière. L´image d´un «Maroc démocratique» Le «Printemps arabe» peut servir aussi d´argument à des puissances, comme la France, pour faire valoir qu´une solution au problème du Sahara est possible dans un «Maroc démocratique». C´est cette image qui est vendue en ce moment par Rabat en Europe et aux Etats-Unis, particulièrement à New York, pour faire l´impasse sur la tenue d´un référendum d´autodétermination du peuple sahraoui. C´est la priorité des priorités de la délégation marocaine au Conseil de sécurité de l´ONU dont le Maroc est membre non permanent depuis le mois de janvier dernier, et ce jusqu´à la fin de l´année 2013. Jeudi, en marge de la Conférence internationale de Londres sur la Somalie, le nouveau ministre marocain des Affaires étrangères, M. Saaddine El Othmani, s´est voulu clair sur l´ordre du jour du futur round de Manhasset. «Il n´est pas question de parler de souveraineté» avec la délégation du Front Polisario» et «nous ferons tout pour défendre nos droits» dans ce «conflit artificiel». Des questions secondaires L´allusion est nette à l´Algérie que les autorités marocaines accusent d´être l´artisan de ce conflit. Des arguments qu´elles ne manqueront pas d´avancer aujourd´hui dans les discussions avec la secrétaire d´Etat américaine, Mme Hillary Clinton, car depuis l´arrivée de Barack Obama à la Maison-Blanche, les Etats-Unis ont pris quelque peu leurs distances avec le plan d´autonomie marocain. Devant la complexité du dossier sahraoui en raison du refus de Rabat de se conformer à la légalité internationale en allant vers un référendum, le SG de l´ONU, M. Ban Ki-moon, a revu à la baisse ses ambitions sur le prochain round. Il propose que les deux délégations parlent des échanges de visites familiales entre Tindouf et Al Ayoune, du déminage le long du «mur de sables» et de l´exploitation des richesses naturelles du Sahara occidental. Les Marocains ne veulent pas évoquer à Manhasset ce dernier point qui remet de fait sur la table la question de la souveraineté. La délégation marocaine sait que la Commission européenne a instruit, la semaine dernière, ses experts chargés de négocier un nouvel accord de pêche avec le Maroc de tenir compte des «intérêts du peuple sahraoui». Alain Juppé le 8 mars à Rabat Cette recommandation signifie qu´un consensus se dégage parmi les «27» autour du principe que le Maroc n´a aucun titre de souveraineté sur le Sahara occidental, territoire classé non autonome par les Nations unies. La France, alliée inconditionnelle du Maroc, ne l´entend pas ainsi. Son ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, devrait rassurer à ce sujet le gouvernement Benkirane, au cours de sa visite officielle à Rabat, prévue le 8 mars prochain, une date opportune pour parler du rendez-vous de Manhasset.