La question de l'autodétermination du peuple sahraoui a été éludée au cours d'une interview accordée par l'ex-chef de la diplomatie algérienne à un hebdomadaire marocain. Dans un entretien paru dans l´édition du 3 au 9 juin 2011 de l´hebdomadaire marocain Maroc Hebdo international, l´ex-Premier ministre du président Mohamed Boudiaf a estimé que la question sahraouie ne constitue pas un obstacle majeur à la normalisation des relations entre l´Algérie et le Maroc. «La question sahraouie n´a pas empêché la reprise des relations diplomatiques en 1988, ni la qualité des relations bilatérales durant la période Chadli-Hassan II, pas plus qu´elle n´a été à l´origine de l´ambiguïté marocaine des années 1990, vis-à-vis du voisin frère en butte à la tragique problématique terroriste», a souligné Sid Ahmed Ghozali. A ce propos, il faut rappeler que l´Algérie qui faisait face à des actes terroristes d´une extrême sauvagerie a été injustement accusée d´être derrière l´attentat qui a ciblé, en 1994, l´hotel Isni à Marrakech. Le pouvoir marocain avait décidé d´instaurer le système des visas pour l´entrée des Algériens sur son territoire. L´Algérie avait répliqué en fermant ses frontières terrestres. Les relations entre les deux pays ont, par la suite, évolué dans le sillage de ce «malentendu» sur lequel est venu se greffer le conflit du Sahara occidental dont le territoire a été occupé par les forces marocaines alors que l´Algérie soutient les différentes résolutions votées par le Conseil de sécurité de l´Organisation des nations unies qui garantissent le droit du peuple sahraoui de s´exprimer librement quant à son avenir dans le cadre d´un référendum d´autodétermination. Pour rappel, le Maroc et le Front Polisario se sont retrouvés entre le 5 et le 7 juin 2011 à Manhasset dans la banlieue de New York pour un 7e round de pourparlers «afin de trouver une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui pourvoie à l´autodétermination du peuple du Sahara occidental dans le cadre d´arrangements conformes aux buts et principes énoncés dans la Charte des Nations unies... y compris la question du corps électoral et les mécanismes d´autodétermination» a indiqué, dans un communiqué, à l´issue de cette rencontre, l´envoyé spécial de l´ONU, Christopher Ross. La question de l´autodétermination du peuple sahraoui a été éludée de l´interview accordée par l´ex-chef de la diplomatie algérienne à l´hebdomadaire marocain. Ce média de la presse écrite marocaine a concentré ses questions sur le dossier sahraoui pour expliquer les crispations des relations politiques entre Rabat et Alger. Les tensions entre les deux capitales peuvent-elles s´expliquer à travers leurs divergences sur le conflit du Sahara occidental? «Vous trouverez dans notre histoire commune des précédents multiformes, positifs ou négatifs, qui invalident totalement une telle assertion. A titre d´exemple, le soutien massif et définitivement ancré dans notre mémoire collective, que le Maroc, peuple et dirigeants confondus, a accordé à la Révolution algérienne, a précédé de loin la question sahraouie, la guerre de 1963 aux frontières aussi, les Accords d´Ifrane de 1972 aussi...» a argumenté Sid Ahmed Ghozali pour écarter d´un revers de la main les thèses du Makhzen. A un mois d´un 8e round de négociations entre Marocains et Sahraouis, le représentant du Front Polisario à Londres a dénoncé l´entêtement du Maroc vis-à-vis de la question sahraouie. «Le Maroc veut gagner du temps en évitant le sujet essentiel qui est l´organisation d´un référendum sur l´autodétermination du peuple sahraoui mais il se trouve aujourd´hui dans une position de plus en plus délicate avec les manifestations populaires dans les villes, les réformes politiques profondes demandées par le peuple», a fait remarquer Lamine Baali. Une conjoncture qui risque de ne pas être suffisante pour faire évoluer la position rigide du pouvoir marocain.