40 jours après le décès de Cherif Kheddam, un monument de la culture kabyle, un autre et non des moindres, Mohamed Belhanafi a tiré hier sa révérence à Tizi Ouzou à l'âge de 85 ans. Poète et animateur à la chaîne de la radio nationale d'expression kabyle, Belhanafi est parti comme sur la pointe des pieds tant il paraissait en bonne santé. La nouvelle de la disparition de cet artiste hors pair est tombée hier matin et n'a pas tardé à faire le tour du monde, notamment sur les réseaux sociaux de la toile. «Je l'ai aperçu dernièrement lors de l'enterrement du regretté Kheddam à Boumessaoud. Il était en bonne santé. Dommage, on ne s'attendait pas à cette disparition soudaine. C'est vraiment une grosse perte pour la culture algérienne», nous dira un citoyen de la ville des Genêts à l'annonce de la mort de Belhanafi par la radio locale. Connu pour ses émissions théâtralisées durant plusieurs années et ses diverses productions artistiques, Belhanafi est né en 1927 au village Sidi Athmane, dans la région d'Aït Ouacif. Il a commencé à travailler à Chaîne II au début des années 1960. L'émission phare et la plus connue de Belhanafi s'intitulait «Arrif el kanoun» (au bord de l'âtre). Le regretté a côtoyé bon nombre de chanteurs kabyles dont d'ailleurs il a composé les chansons. Citons, entre autres Djamal Chir, Idir, Medjahed Hamed, Arezki Bouzid, Atmani, Taous, Kaci Abdjaoui, Yassine Babassi, Melha, Chebeha, Ourida, Fella, El Djida tamechtouhth, Zahia, Mouloud Habib, Cherif Kheddam, Benslimane Mohamed et la chorale du lycée Fatma- n'Soumer, pour ne citer que ceux-là. Il a aussi fait partie de plusieurs troupes de chorale d'expression kabyle. En 2008, en guise de reconnaissance de ses productions culturelles, l'artiste a eu droit à un hommage à la hauteur de son œuvre. Il a été honoré, pour rappel, par les responsables de la radio nationale et les anciens artistes kabyles. Un livre a été consacré à sa carrière et son œuvre artistique dernièrement par la productrice de la Chaîne II, Ourdia Sider. Le livre, une sorte de biographie, retrace la vie de l'artiste. Un artiste connu aussi pour sa modestie légendaire et son attachement viscéral à sa culture berbère qu'il a défendue jalousement à sa manière durant toute sa vie. Il a aussi bercé par la force de ses poèmes l'enfance des générations. Fidèle à lui-même, il a toujours trouvé les moyens d'animer d'abord son émission et de faire passer, par la suite son mot… son message lourd de sens. Belhanafi sera enterré aujourd'hui à Aït Ouacif, au cimetière de son village natal, Sidi Atmane.