Les exportateurs de déchets métaux ferreux et non ferreux, dont l'activité est gelée depuis 2009, ne comptent pas baisser les bras. Ils sont près de 300 opérateurs répartis sur 29 wilayas décidés à faire valoir leurs droits et exiger la réouverture de l'exportation de ces produits, gelée depuis la publication du décret interdisant toute exportation. A cet effet, ils ont opté pour la création de la Fédération nationale des récupérateurs et exportateurs des déchets ferreux et non ferreux, sous l'égide de l'Union nationale des commerçants et artisans algériens (UGCAA). Son premier congrès s'est tenu hier à l'hôtel El Safir à Alger, où le comité national du bureau a été élu. Avançant une perte sèche évaluée entre 500 et 700 millions de dollars par an, Ahmed Chenine, vice-président du comité, a déclaré que la création de la fédération permettra une meilleure organisation et une mobilisation, rappelant toutefois que la mesure introduite depuis trois ans a mis au chômage plus de 40 000 travailleurs dans ce créneau et l'entassement de milliers de tonnes de déchets dans le pays. «Toute la chaîne de travailleurs est paralysée et des centaines de milliers de ferrailles sont toujours stockées, contribuant lourdement à la pollution de l'environnement», a regretté M. Chenine, ajoutant que l'exportation de ces produits est détenue actuellement par des «barons». Faisant savoir que la production annuelle de ces déchets atteint les 600 000 tonnes, alors que seules 30 000 sont récupérées par les entreprises nationales, il a dénoncé cette situation de déperdition. Ces opérateurs se sont retrouvés en faillite après avoir investi dans l'achat d'engins et de matériel de qualité et conclu des partenariats avec des entreprises étrangères (Italie, Turquie, France), suite au feu vert donné par le ministère du Commerce. A cet effet, ces opérateurs se sont retrouvés endettés et poursuivis en justice pour des paiements de taxes non respectés. M. Chenine a fait savoir que plusieurs correspondances ont été adressées aux ministres du Commerce et des Finances, ainsi qu'au président de la République, mais sont restées sans écho. Le même interlocuteur s'interroge sur les dessous d'une telle mesure «discriminatoire». «Nous avons également tenté l'exportation de ces déchets en lingots, qui n'est pas interdite par la loi, mais la direction des Douanes s'y est opposée sans explication aucune. Selon lui, le ministère du Commerce et la direction des Douanes se rejettent la balle, pourtant, «le ministère du Commerce a affirmé, lors d'une récente réunion, qu'aucun texte de loi n'interdit l'exportation de ces produits et que la contrainte réside au niveau de la direction des Douanes». 40 000 personnes mises au chômage Les exportateurs n'écartent cependant pas le recours à la contestation si aucune prise en charge de leurs doléances n'est enregistrée. «Nous ne voulons pas aller vers une démonstration de force, vu que la conjoncture actuelle, marquée par la préparation des élections législatives, n'est pas favorable. Mais si les choses perdurent, nous serons obligés d'opter pour des actions de contestation», a précisé M. Chenine. Il y a lieu de rappeler qu'une suspension temporaire a été introduite en février 2009 par le ministère du Commerce avant la promulgation de la loi interdisant l'exportation en août 2010, dans le cadre de la loi de finances complémentaire. Le comité estime qu'il est indispensable de mettre en place des mesures pour réglementer l'opération de récupération et d'exportation de ces déchets. Cinq propositions sont avancées, notamment la création d'une structure chargée du contrôle et du suivi de l'opération de récupération et d'exportation, la concertation autour des opérations du commerce extérieur, l'utilisation de la carte d'exportateur pour connaître le nombre exact d'exportateurs, la publication mensuelle des prix des déchets des métaux ferreux et non ferreux pour contraindre les exportateurs à respecter les prix.