A compter d'aujourd'hui, nous sommes exactement à un mois, jour pour jour, du lancement effectif de la campagne électorale pour les législatives du 10 mai 2012. L'échéance marquant le coup d'envoi de la phase de sensibilisation des électeurs par les partis en lice pour le prochain rendez-vous des urnes a été fixée officiellement hier par le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales et annoncée par Mohamed Talbi, le directeur des affaires juridiques et des libertés publiques. Ce dernier fera savoir solennellement que «la campagne électorale pour les prochaines élections législatives débutera le 15 avril prochain et prendra fin le 6 mai». Cité par l'APS, le même responsable qui se décrit comme un commis de l'Etat très scrupuleux de la stricte application de la loi ne manquera pas de souligner la conformité de la période de la campagne électorale avec «les dispositions de la loi organique relative au régime électoral». Ce texte de loi stipule que la campagne est décrétée 25 jours avant la date du scrutin et s'achève trois jours avant le jour J». En vertu de la même loi, les candidats sont tenus de ne pas utiliser les langues étrangères, et tout dépôt de candidature doit être accompagné du programme électoral. S'agissant de la durée des émissions à la télévision et à la radio nationale et locale, «elle varie en fonction de l'importance respective du nombre de candidats présentés par un même parti ou groupe de partis politiques», est-il indiqué dans la même loi organique où sont également prévus les lieux où doivent être tenus les réunions et les meetings, ainsi que les surfaces réservées à l'affichage équitable des candidatures à l'intérieur des circonscriptions électorales. Des interdictions à ne pas braver Outre la proscription de faire usage des langues étrangères, interdiction est faite aussi pour toute publication ou diffusion de sondages portant sur les intentions de vote des électeurs et les cotes de popularité des candidats moins de 72 heures avant le scrutin. Pour la communauté algérienne établie à l'étranger, cette interdiction prend effet cinq jours avant le rendez-vous des urnes. La loi relative au régime électoral interdit également toute forme de publicité en dehors des emplacements réservés à cet effet. Autre interdiction dans le même texte réglementaire, l'utilisation «des biens ou moyens d'une personne morale privée, publique, institution ou organisme public, ainsi que l'utilisation, sous quelque forme que ce soit, des lieux de culte, des institutions et administrations publiques ainsi que des établissements d'éducation, d'enseignement et de formation quelle que soit leur nature ou appartenance, à des fins de propagande électorale». L'usage «malveillant» des attributs est aussi prohibé. Idem pour ce qui est de l'aide financière émanant de l'étranger à propos de laquelle la loi précise qu'il est strictement interdit «de recevoir d'une manière directe ou indirecte des dons en espèces, en nature ou toute autre contribution, quelle qu'en soit la forme, émanant d'un Etat étranger ou d'une personne physique ou morale de nationalité étrangère». Le financement, un secret bien gardé Il est en outre souligné dans la même loi organique que les dépenses de la campagne pour chaque liste de candidats aux élections législatives sont plafonnées à un million de dinars par candidat. Pour le financement de la campagne électorale, les partis et/ou candidats en lice ne doivent compter que sur eux-mêmes. Des remboursements à hauteur de 25% des dépenses engagées seront par la suite accordés par l'Etat pour ceux qui ont recueilli au moins 20% des suffrages exprimés. Ce remboursement est versé au parti politique sous l'égide duquel la candidature a été déposée. Sur la question du financement de la prochaine campagne, les partis politiques en lice font du montant qu'ils comptent investir à l'occasion de cette échéance un secret jalousement gardé. Ainsi, du côté du FLN, le chargé de communication Kassa Aissi nous dira que son parti n'a pas encore établi l'évaluation définitive des dépenses qui seront déboursées durant la campagne électorale. Il assure toutefois que le financement se fera sur trois volets distincts, à savoir la contribution personnelle du candidat, celle de l'instance locale (mouhafadha) et enfin l'apport de la direction centrale du FLN. Pour le RND, le chargé de communication Miloud Chorfi assure que le financement de la campagne se fera «en vertu des lois de la République», ajoutant que les candidats RND seront mis à contribution. Abdelmadjid Menasra, président du Front du changement (FC), nouvellement agréé, affirme «qu'en termes de financement, nous allons faire en sorte de réduire au maximum la facture et se contenter de faire des dépense utiles», sans pour autant avancer le montant qui sera consacré à cet effet.