Les six monarchies arabes du Golfe ont décidé de fermer leurs ambassades à Damas pour signifier leur rejet de la poursuite de la répression dans ce pays, a annoncé, tôt hier, le secrétaire général de l'organisation régionale du Conseil de coopération du Golfe (CCG). Dans un communiqué, Abdellatif Al-Zayani, a justifié cette décision par «la persistance du régime syrien à massacrer son peuple, à choisir l'option militaire et à refuser toutes les initiatives destinées à trouver une solution à la crise». M. Zayani a demandé à la communauté internationale «d'agir d'urgence et avec fermeté pour mettre fin aux tueries et aux massacres en Syrie ainsi qu'aux violations flagrantes de la dignité et des droits légitimes des Syriens». Avant cette décision collective, deux pays du CCG, l'Arabie saoudite et Bahreïn avaient annoncé la fermeture de leurs ambassades à Damas. L'Arabie saoudite avait pris cette décision dès mercredi et annoncé le rapatriement de ses diplomates en poste en Syrie. Elle avait été suivie jeudi par Bahreïn. L'Arabie saoudite, poids lourd du monde arabe, est très critique du régime syrien. Dès août, elle a retiré son ambassadeur à Damas et expulsé l'ambassadeur de Syrie. Ses cinq partenaires au CCG en ont fait de même pour dénoncer le «massacre collectif» commis par le régime. Outre l'Arabie saoudite et Bahreïn, le CCG comprend les Emirats arabes unis, Oman, le Qatar et le Koweït. Moscou critique cette démarche Le vice-ministre russe des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov a indiqué, hier, que la décision de l'Arabie saoudite est contraire à l'esprit du règlement de la situation dans ce pays. «De telles démarches ne correspondent pas à nos idées visant à établir une compréhension, à atteindre une détente», a dit M. Bogdanov devant la presse. La Grande-Bretagne, les Etats-Unis, le Canada, l'Italie, la France et l'Espagne avaient, auparavant, fermé leurs ambassades à Damas en signe de protestation contre la répression sanglante. Depuis un an, la Syrie est secouée par un mouvement de contestation du régime en place. Selon l'ONU, la répression de la révolte y aurait déjà fait plus de 7500 morts. En outre, plus de 2000 policiers et militaires syriens ont été tués par des insurgés. Le 10 mars, les ministres des Affaires étrangères de Russie et des pays membres de la Ligue arabe ont publié une déclaration commune sur la Syrie stipulant cinq principes de règlement de la crise, adressés à toutes les parties au conflit. Il s'agit de mettre fin à la violence, de surveiller de manière impartiale la situation dans ce pays, d'assurer une aide humanitaire à l'ensemble de la population, d'appuyer la mission de l'émissaire de l'ONU Kofi Annan et d'exclure toute ingérence dans les affaires intérieures syriennes. En ce sens, M. Bogdanov a dit : «Nous espérons que ce travail constructif sera poursuivi», ajoutant que M. Annan devait collaborer aussi bien avec le gouvernement syrien qu'avec l'opposition. Il a en outre espéré que le rapport sur la situation en Syrie que Kofi Annan devrait présenter, le 16 mars au Conseil de sécurité de l'ONU, ne serait pas le dernier. Par ailleurs, Moscou exhorte les pays occidentaux à s'abstenir de tout contact avec les organisations terroristes agissant en Syrie, a déclaré M. Bogdanov. «(Les organisations terroristes) ne font pas partie de nos contacts, et nous espérons que nos partenaires occidentaux s'en tiendront aussi à cette position», a-t-il indiqué. Le 15 mars, l'agence syrienne Sana, citant une source au sein du ministère de l'Information du pays, a affirmé que des groupes terroristes capturaient et tuaient des civils syriens afin de les faire passer pour des victimes du régime. En outre, selon la source, les chaînes satellitaires arabes (Al Jazeera et Al Arabiya) ont, ces derniers temps, commencé à prendre des militants en qualité de correspondants pour couvrir ces faux crimes dans les régions contrôlées par les terroristes.