On a beau essayé de pérorer sur les raisons qui peuvent bien pousser un homme, une femme, quel que soit l'âge, à mettre fin à sa vie, en mettant en avant cet acte fatal comme l'ultime échappatoire devant une réalité trop dure à supporter, le chômage, le divorce et tous les maux sociaux imaginables, mais il est dur, pour ne pas dire impossible d'expliquer le phénomène quand il s'agit d'enfants qui n'ont que 10, 11 ou 12 ans, ou un peu plus, qui se donnent la mort. Ce qui vient de se passer dans la wilaya de Tizi Ouzou, même si ce n'est pas nouveau, doit constituer le début d'une véritable enquête non seulement épidémiologique sur ce phénomène, mais surtout essayer de comprendre ce qui peut bien pousser un être jeune à mettre fin à ses jours, alors que l'enfance est la période la plus heureuse de la vie. Trois suicides d'enfants, l'un à Aghribs, l'autre à Tizi Rached et le dernier à Irdjen, contrées lointaines l'une de l'autre, est une situation alarmante. Au-delà du choc et sans vouloir plonger dans un macabre listing, il a été répertorié, depuis 2005 à ce jour, le suicide d'au moins cinq enfants dont la tranche d'âge varie entre 10 et 12 ans au niveau de la wilaya de Tizi Ouzou. En l'absence de statistiques, il est difficile de chiffrer avec exactitude le nombre d'enfants qui se sont suicidés durant ces dernières années. En 2005, un enfant de 14 ans s'est donné la mort par pendaison au village de Tifra, dans la commune maritime d'Iflissen. Depuis, aucun autre cas d'enfant n'a été signalé, jusqu'à l'année dernière quand un autre enfant âgé de 12 ans s'est donné la mort à Timizart, au nord de Tizi. Cette liste macabre vient de s'allonger de manière horrible avec le suicide de trois enfants en l'espace de 24 heures seulement. On cite aussi de nombreuses tentatives de suicide dans cette tranche de la population. La wilaya de Tizi Ouzou détient un macabre palmarès en matière de suicides. Elle se classe, en effet, toujours en tête avec 43 suicides en 2011, 64 en 2010 et 54 cas en 2009. Depuis 2005 jusqu'à la fin de l'année dernière, il a été enregistré en tout 346 cas de suicide. Dans une récente étude épidémiologique du suicide, il a été établi qu'il existe 6 cas de suicide pour 100 000 habitants. Il a été établi également qu'entre 2007 et 2008, 132 cas ont été enregistrés, avec 78 en 2007, ce qui donne un taux d'incidence de 6 cas pour 100 000 habitants. Les plus touchés restent les 40-49 ans, avec 15 cas pour 10 000 habitants. Les moins touchés sont les 60 ans et plus avec une incidence de 1.9 pour 100 000 habitants. Chez les hommes, le taux de suicide est plus élevé. Il est estimé à 25.4 pour 100 000 habitants, notamment chez les 10 à 19 ans, et de 5.6 pour 100 000 habitants chez les femmes. Il y a lieu de signaler aussi que ce sont les communes du Nord qui sont les plus touchées par le phénomène.