Après deux jours de procès, mercredi et jeudi derniers, la cour de justice de Sidi Bel Abbès a tranché dans l'affaire des six policiers impliqués dans le décès du jeune Bachir Mohamed, l'un des émeutiers arrêtés le 30 juin dernier dans la ville d'Aïn Témouchent. Le verdict a été rendu vers 00h jeudi, condamnant l'officier de police R. I. à 5 ans de prison ferme, les policiers B.S. et L .K.B. à 3 ans de prison ferme. Le commissaire de police judiciaire, M. M., l'inspecteur de police M.L. âgé de 59 ans et A.S., un agent de police, jugés pour coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans vouloir la donner, ont été acquittés. Les faits remontent à la date susmentionnée, lorsque les non-bénéficiaires de logements sociaux dans la commune de Aïn Témouchent avaient décidé de se regrouper devant le siège de la daïra, avant de se diriger vers celui de la radio locale pour dénoncer leur refus de la liste affichée sur laquelle aucun d'eux ne figurait. Une foule de citoyens avait occupé les rues de la ville, ce qui a nécessité le recours aux forces de l'ordre. Le jeune Bachir Mohamed, selon le rapport présenté à la cour, qui avait été arrêté en même temps qu'un groupe de protestataires, avait essayé de dépasser le troisième cordon de sécurité, composé des policiers de la brigade de recherche et d'investigation placés devant le siège de la radio locale. A son arrivée au siège de la sûreté, B.M. souffrait de douleurs atroces, ce qui avait nécessité son évacuation vers l'hôpital de la ville de Aïn Témouchent, avant d'être transféré au CHU d'Oran. Il tombe dans un coma profond et décède 14 jours après. Le rapport du médecin légiste précise que la victime portait des traces de coups sur le visage, le cou, la poitrine et le ventre, ajoutant que les mains et les pieds étaient enflés, outre des égratignures sur les jambes. Selon la conclusion du rapport médical, la cause du décès était un coup violent avec un objet dur au niveau du ventre qui a causé la perte du foie, et par conséquent une hémorragie interne qui a conduit à la mort du jeune. L'auteur présumé, R.I., qui avait arrêté la victime et été accusé de lui avoir porté des coups violents, a déclaré devant la cour qu'il avait arrêté un autre manifestant, le dénommé B., et en arrivant à la sûreté, il avait aperçu la victime à qui il avait donné une bouteille d'eau minérale. Quelques minutes après, il apprend que ce dernier avait été transféré à l'hôpital en précisant à la cour qu'il n'avait pas touché ce manifestant. Le reste des policiers interrogés devant la barre ont confirmé qu'aucun d'eux n'avait arrêté la victime, leur rôle étant de protéger les biens de l'Etat. 18 témoins interrogés par la cour, parmi lesquels figuraient d'autres éléments de la police, ont apporté des déclarations différentes et parfois contradictoires ; or deux manifestants présents sur les lieux ont confirmé avoir vu R.I. arrêter Bachir Mohamed. Le représentant du ministre public avait requis une peine de 15 ans de prison ferme contre R.I., et dix ans de prison ferme contre le reste des accusés.