Une commission interaméricaine chargée des droits de l'Homme a accepté vendredi pour la première fois de revoir le dossier d'un détenu de la prison de Guantanamo, un Algérien emprisonné dans le camp depuis plus de dix ans, ont annoncé les avocats de ce dernier. Djamel Ameziane avait déposé en août 2008 une demande de réexamen de son dossier auprès de la Commission interaméricaine des droits de l'Homme --une entité autonome de l'Organisation des Etats américains (OEA) -- afin que soient revues ses conditions d'incarcération et que soient prises en compte les allégations de mauvais traitements dont il aurait été victime ainsi que "l'illégalité" de sa détention, selon ses avocats. La Commission "va revoir en particulier l'échec du gouvernement américain à transférer Djamel Ameziane ou tout autre homme détenu à Guantanamo depuis plus d'un an --la plus longue période sans aucun transfert depuis que le camp a ouvert ses portes en janvier 2002", indiquent les avocats dans un communiqué. Décrivant leur client comme un "réfugié", ces derniers expliquent que M. Ameziane avait quitté l'Algérie au début des années 1990 au moment où son pays plongeait dans une guerre civile sanglante qui a fait jusqu'à 200.000 morts entre 1991 et 2002. Il avait alors travaillé comme cuisinier en Autriche et au Canada mais, craignant d'être renvoyé dans son pays, il s'était envolé en Afghanistan avant l'intervention militaire conduite par les Américains en octobre 2001. Il avait ensuite franchi la frontière pakistanaise pour échapper au conflit et avait été dénoncé aux troupes américaines, poursuivent ses avocats, qui soulignent que leur client redoute d'être "persécuté du fait de son ethnicité berbère et de son statut de prisonnier de Guantanamo" s'il est renvoyé en Algérie. La Commission interaméricaine des droits de l'Homme a plusieurs fois appelé à la fermeture de Guantanamo, à la libération des prisonniers et à une enquête sur les allégations de tortures et de mauvais traitements sur le camp.