Les Etats membres de l'Union européenne guettent la moindre fluctuation de leur approvisionnement en gaz russe, après la décision de Moscou d'interrompre ses livraisons à l'Ukraine. L'Europe reçoit un cinquième de son gaz par des gazoducs traversant l'Ukraine. Moscou a assuré que son différend avec Kiev n'aurait pas d'impact sur l'approvisionnement des pays européens, sauf si Kiev décidait de détourner illégalement une partie du gaz. Les entreprises du secteur en France, en Allemagne, en Pologne, en Roumanie, en Autriche et en Italie ont fait savoir jeudi qu'elles n'avaient constaté aucune baisse des livraisons.Selon des analystes, l'Europe a suffisamment de réserves pour tenir plusieurs jours sans livraison de gaz russe, mais les stocks ne seront pas suffisants si l'approvisionnement est interrompu pendant plusieurs semaines. Après l'appel de l'Union européenne et des Etats-Unis en faveur d'un règlement rapide du conflit qui porte sur la nouvelle politique tarifaire du géant gazier russe et sur les arriérés que réclame Gazprom à Kiev, l'Ukraine a annoncé l'envoi d'une délégation à Moscou. L'arrivée des négociateurs ukrainiens en Russie pour reprendre les négociations interrompues à la veille du Nouvel an n'était toutefois pas confirmée hier. Le ministre ukrainien de l'Energie, Youri Prodan, a rencontré de son côté hier des responsables de la République tchèque, le pays qui assure la présidence tournante de l'UE depuis le 1er janvier, pour rassurer l'Europe concernant ses approvisionnements gaziers. Ce conflit pourrait susciter de nouvelles interrogations chez les Européens sur la fiabilité de la Russie en tant que fournisseur de gaz. En janvier 2006 déjà, la «guerre du gaz» entre Moscou et Kiev avait provoqué une réduction temporaire de l'approvisionnement des marchés européens. Règlement de la dette russe Kiev s'est engagée à régler sa dette gazière envers Gazprom. Elle a promis le remboursement immédiat d'une grosse partie de sa dette gazière envers Gazprom, soit 1,52 milliard de dollars, a annoncé la société d'Etat des hydrocarbures Naftogaz. Cette somme est cependant inférieure à celle de plus de deux milliards de dollars réclamée par Gazprom, qui exige le paiement de 805,8 millions pour les livraisons de novembre, 862,3 millions pour celles de décembre, plus des pénalités de 450 millions de dollars pour les retards de paiement. Les amendes seront discutées une fois que les dettes pour le gaz livré à l'Ukraine en novembre et décembre seront payées, a assuré Naftogaz. La société russe a plusieurs fois exigé le remboursement de la totalité des dettes de l'Ukraine, sous peine de couper les livraisons de gaz le 1er janvier 2009.