Plus de 268.000 personnes ont fui leurs domiciles depuis mi-janvier au Mali, et cherché refuge ailleurs dans le pays ou à l'étranger, a estimé mercredi le Bureau des Nations unies pour la coordination des Affaires humanitaires (Ocha). Il y a eu "plus de 268.000 déplacés suite à la crise au nord du Mali, dont plus de 161.000 réfugiés au Niger, au Burkina Faso, en Mauritanie et en Algérie", affirme dans un bulletin d'information Ocha pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre, basé à Dakar. Selon ce document, les "mouvements de populations" enregistrés au 15 avril concernent précisément 268.561 personnes. Sur ce total, 107.000 sont des déplacés internes au Mali, qui sont sans doute plus nombreux en raison des difficultés de travail sur le terrain depuis "la conquête du Nord" par différents mouvements armés. Le Niger accueille plus de 29.000 réfugiés, le Burkina Faso plus de 46.000, la Mauritanie plus de 56.000 et l'Algérie 30.000. Les premiers déplacements ont été provoqués par des attaques lancées le 17 janvier par des rebelles touareg et d'autres groupes contre l'armée dans plusieurs localités dans le nord du Mali. Ces mouvements armés, dont des islamistes, ont profité d'un coup d'Etat militaire, le 22 mars, pour mener une offensive foudroyante et prendre en trois jours le contrôle des trois régions administratives composant le Nord: Kidal, Gao et Tombouctou, coupant de fait le Mali en deux. Selon divers témoignages, la situation est alarmante pour les populations prises au piège dans ces zones, où ont eu lieu des pillages, saccages et des violations des droits de l'Homme dont des viols. "La réponse humanitaire à l'intérieur du Mali a été rendue plus difficile après la conquête complète du Nord par la rébellion", indique Ocha, relevant que cette crise survient alors que le Sahel, incluant le Mali, est confronté à une grave crise alimentaire. "Avec l'avancement dans la saison sèche, la sécurité alimentaire continue de se dégrader dans les pays du Sahel", et "les conséquences de la crise au Mali vont rendre encore plus difficile la réponse dans ce pays, mais aussi dans la région, du fait des mouvements de populations", note Ocha. "Par ailleurs, le conflit au Mali tend parfois à éclipser l'urgence de la réponse plus générale à la crise alimentaire et nutritionnelle dans la région, alors que les financements internationaux (...) restent très insuffisants par rapport aux besoins", affirme-t-il.