Plus de 172 000 personnes ont fui les combats qui opposent depuis mi-janvier dans le nord du Mali, des rebelles touareg et des militaires maliens, a estimé jeudi, le Bureau des Nations unies pour la coordination des Affaires humanitaires (Ocha). “Le nombre de personnes déplacées par le conflit atteignait début mars plus de 172.000 personnes, dont plus de 90.000 à l'étranger, pour l'essentiel en Mauritanie, au Burkina Faso et au Niger, où plusieurs milliers des arrivants sont des Nigériens vivant jusqu'alors au Mali et retournés dans leur pays”, affirme dans un bulletin d'information Ocha pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre, basé à Dakar. “La prise en charge des réfugiés se met en place, avec la création de camps chargés de les accueillir à long terme”, en collaboration avec les pays d'accueil, des agences de l'ONU et des organisations humanitaires, ajoute-t-il. Le Mali est confronté depuis le 17 janvier à des attaques de rebelles touareg contre plusieurs localités et cibles de l'armée dans sa partie Nord. Les assauts sont menés par des hommes du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) et d'autres rebelles, dont des hommes lourdement armés rentrés de Libye où ils avaient combattu pour le compte de Mouammar Kadhafi, déchu et tué l'an dernier. Les affrontements ont fait de nombreuses victimes - morts et blessés - des deux côtés, sans qu'il soit possible d'établir un bilan précis de sources indépendantes.“L'accès humanitaire ne semblait pas, début mars, être particulièrement entravé du fait des combats” entre l'armée et les rebelles du MNLA, mais “c'est la présence d'Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique) et des groupes criminels qui réduit l'accès des acteurs humanitaires”, affirme Ocha. Toutefois, “les ONG présentes sur place avant le début du conflit avaient (...) repris leurs activités” dans le nord du Mali, ajoute Ocha, s'inquiétant des conséquences de ce conflit pour le Sahel, région déjà en proie à une crise alimentaire et nutritionnelle. “D'une part, les personnes déplacées sont par essence vulnérables et souvent très démunies” et “d'autre part, dans les trois principaux pays de destination, les réfugiés arrivent dans des régions qui figuraient déjà parmi les plus exposées à l'insécurité alimentaire. Ils viennent donc accroître la pression sur les maigres ressources locales”, explique-t-il. Beaucoup de pays sahéliens sont menacés de famine en 2012, en raison de faibles pluies, de mauvaises récoltes et de la cherté des vivres, d'après plusieurs organisations dont l'ONU, qui ont appelé à des aides et mesures urgentes pour éviter la catastrophe. R. I./Agences