Comment expliquer la contradiction dans les déclarations faites par différentes parties dans l'affaire des diplomates algériens enlevés à Gao (nord du Mali) ? De «libération dans les prochaines heures», on est passés aux «négociations» qui auraient été engagées pour la mise en liberté des otages, avant qu'il y ait eu «démenti» de toute volonté de la part du Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) jusqu'aux revendications exprimées par cette organisation terroriste. Les auteurs des déclarations sont le porte-parole du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), Hama Ag Sid'Ahmed, et des chefs terroristes du Mujao. Le ministre algérien des Affaires étrangères, Mourad Medelci, s'est, lui, laissé prendre au jeu des déclarations, en déclarant, dans la foulée, que les perspectives de leur libération (les diplomates pris en otages) «sont réelles», reconnaissant, indirectement, l'existence de négociations. Le consul d'Algérie à Gao et six membres de sa mission diplomatique ainsi que d'autres otages d'autres nationalités sont malheureusement toujours entre les mains de l'Aqmi et du Mujao, nébuleuse présentée comme «dissidente» de l'organisation terroriste dirigée par Abdelmalek Droukdel, alias Abou Mossaâb Abdelouadoud. Le porte-parole du MNLA, Hama Ag Sid' Ahmed, contacté par nos soins, apporte son explication quant aux contradictions relevées dans différentes déclarations exprimées par différents intervenants. C'est ainsi que le porte-parole du MNLA nous a déclaré avant-hier que «le Mujao avait remis les otages aux négociateurs au courant de la deuxième semaine d'avril. Le point de rendez-vous a été même fixé par les négociateurs pour leur remise le 19 avril 2012 en même temps que l'Italienne». Ce qui rejoint les précédentes déclarations faites par Hama Ag Sid' Ahmed au journal, dont l'une faisant état de «la remise par le Mujao des diplomates otages aux négociateurs». Le même interlocuteur nous avait, à l'époque, déclaré que cette information est «une certitude». Que s'est-il passé, depuis ? «Il semblerait que les négociateurs après réception n'ont pas pu obtenir les conditions posées par les ravisseurs de la part des autorités algériennes. Alors, les ravisseurs ont demandé aux négociateurs que les otages restent retenus tant que leurs conditions ne sont pas acceptées», nous dira Hama Ag Sid'Ahmed. «On laisse entendre dans l'entourage des groupes terroristes du Mujao que les négociateurs n'ont pas obtenu les conditions exigées», ajoute-t-il. Le porte-parole du MNLA évoque des contradictions dans différentes déclarations faites par des chefs du Mujao. «Même si on constate que les avis sont partagés entre les ravisseurs qui retiennent les Algériens, entre ceux qui disent que nous avons donné notre accord pour leur libération depuis plusieurs semaines et ceux qui disent que les otages sont toujours retenus, nous attendons que d'autres terroristes soient libérés en échange des diplomates algériens», explique-t-il. En faisant miroiter une éventuelle libération des otages, avant de nier toute intention de les libérer, le Mujao avait-il, tout simplement, tenté de gagner du temps pour mettre à l'abri les ravisseurs contre toute éventuelle opération militaire ?