Le temps est-il venu pour le MSP de se séparer de son président du parti, Bouguerra Soltani, sans doute l'homme politique qui a le plus perdu dans cette dernière consultation électorale ? Le conseil consultatif de cette formation, réduite par la voix des urnes à assumer un rôle de simple figurant au sein de la prochaine APN, se réunira samedi prochain pour faire une évaluation des résultats des législatives auxquelles a pris part le MSP dans le cadre de l'Alliance de l'Algérie verte (AVV). A cette occasion, Soltani aura à répondre de «ses mauvais calculs politiques», apprend-on de sources fiables de la direction du MSP, calculs par le biais desquels le successeur de Mahfoud Nahnah a fait subir une véritable bérézina à sa propre formation politique. Nonobstant les accusations officielles du MSP à l'encontre du pouvoir et plus, particulièrement, du ministre de l'Intérieur qui, en sa qualité d'organisateur en chef du scrutin du 10 mai dernier, se voit critiqué par des dirigeants du parti qui lui reprochent d'avoir pesé de tout son poids en faveur d'une large victoire du FLN, il n'en demeure pas moins que Bouguerra Soltani doit rendre des comptes aux membres du Madjliss echoura (conseil consultatif) du parti, qui le rend responsable de la déroute du parti aux dernière élections. «C'est bien lui qui a mené le parti à rompre le lien avec l'Alliance présidentielle pour ensuite sceller un nouveau partenariat qui n'a été d'aucun apport pour notre formation», nous confie, sous le sceau de l'anonymat, un membre du conseil consultatif. «Les conséquences du nouveau partenariat paraphé avec El-Islah et le mouvement Nahdha ont provoqué une véritable saignée pour le parti et les résultats des législatives, quoi que d'une crédibilité relative, sont bien là pour attester cet état de fait», poursuit, dépitée, notre source. Celle-ci enchaîne en rappelant que dans le cadre de l'Alliance présidentielle, la formation du défunt Mahfoud Nahnah «était écoutée et respectée par les officiels du pays, et ce, tout en conservant son ancrage au sein de la société». Toutefois, Bouguerra Soltani, qui avait misé sur ce fait allait connaître, par effet domino, le même sort que toute la région, à savoir «le printemps arabe», plaçant son parti dans une position des plus inconfortables, aussi bien vis-à-vis de la sphère dirigeante du pays que de l'opinion nationale et internationale, en particulier arabe, auprès desquels l'actuel leader (pour combien de temps ?) du parti s'est toujours évertué d'être celui qui représente le mieux le courant islamiste en Algérie. Un partenaire «encombrant» au sein de l'Alliance présidentielle En s'associant à deux formations islamistes des plus squelettiques sur l'échiquier politique, au détriment de l'alliance présidentielle au sein de laquelle le MSP était plus à l'aise de pratiquer sa politique d'entrisme, son seul domaine d'excellence, c'est là «l'erreur de trop» commise par Bouguerra Soltani que le conseil consultatif du parti ne pardonnera pas de si tôt. Des «bourdes politiques», le président du MSP a été l'auteur de quelques-unes ayant mis dans la gêne aussi bien les plus hautes autorités de l'Etat que des responsable au sein de sa formation, précise encore notre source, qui rappelle ses déclarations, il y a quelques années, dans lesquelles il affirmait être en possession de dossiers impliquant des responsables algériens dans des affaires de corruption. Des dossiers qu'il n'a, à aucun moment, jugé utile de transmettre à la justice pour l'aider dans sa lutte contre le phénomène. L'on rappelle aussi ses démêlées avec la justice suisse pour une mystérieuse histoire de torture, à propos de laquelle le président du MSP s'est défendu bec et ongles, insistant qu'il s'agit d'un «coup monté» de toutes pièces. Ses ex-alliés de l'Alliance présidentielle sont débarrassés aujourd'hui d'un partenaire encombrant. Au lendemain de son retrait de l'Alliance présidentielle, tout en prenant soin de garder des portefeuilles ministériels, Soltani n'avait pas hésité à qualifier les dirigeants du RND et du FLN «d'égoïstes».