En mettant à exécution sa menace de se retirer de l'Alliance, le MSP cherche à se replacer en prévision des futures législatives. Le Mouvement pour la société de la paix, MSP, a annoncé, hier, son retrait de l'Alliance présidentielle à l'issue de la réunion de son madjliss Echoura (conseil consultatif) hier dimanche. Le président du parti, qui a déjà annoncé sa candidature pour la présidentielle de 2014 et qu'il ne briguera pas un autre mandat à la tête du MSP, justifie ce retrait, qui était de toute façon déjà dans l'air, par, d'une part, le fonctionnement “horizontal” de l'Alliance qui “ne sert ni le pays ni le citoyen”. “Continuer à composer avec l'Alliance à l'horizontal, c'est persister dans la médiocrité politique”, a déclaré M. Soltani, rapporté par l'APS. D'autre part, il accuse ouvertement ses partenaires d'avoir “vidé les réformes de leur contenu” et de les avoir accaparées en déviant de la “trajectoire populaire” vers la trajectoire “partisane”. Il s'agit notamment des textes relatifs aux libertés, à la transparence, à la volonté politique et à l'ouverture politique et médiatique ; des textes pour lesquels ses députés ont voté contre. Cette posture d'opposition du MSP a été adoptée dans le sillage des victoires des islamistes en Tunisie et au Maroc. Le MSP prend ses distances, mais Soltani ne se risque pas devant la fougue des partisans (au sein du parti) d'un retrait pur et simple de l'Alliance qu'ils souhaitaient se hisser en partenariat politique. Ce que le FLN et le RND ont refusé, arguant que la raison d'être de l'Alliance est le programme du Président, chacun des trois partis devant garder “son identité”. Pour se défendre, le MSP déclare, au risque de se déjuger, refuser le double langage en s'étant volontairement et tardivement démarqué de ses alliés n'ayant le choix que de continuer à en être membre ou de se retirer alors qu'il y est depuis 2004, le parti, Hamas, du temps de Mahfoud Nahnah, était déjà membre de la coalition gouvernementale, avec le même trio de partis, sous la présidence de Zeroual. C'est donc une tradition à laquelle Soltani ne déroge pas en coupant la poire en deux. Un discours très critique sur la gestion du gouvernement avec des piques contre ses alliés tout en gardant un pied dans ce même gouvernement qu'il a appelé un moment à dissoudre pour le remplacer par un autre “neutre” qui sera chargé d'organiser les législatives du printemps prochain. Passée donc l'œuvre pour la concrétisation de la réconciliation nationale qui était une priorité, vraisemblablement partagée avec le FLN et le RND, selon M. Soltani, le MSP passe vers l'autre priorité, les réformes politiques… en solo pour l'instant ou avec la perspective d'autres alliances que pourra inspirer la nouvelle configuration du champ politique avec, entre autres, l'apparition de nouveaux partis. “Aujourd'hui, le devoir national en appelle à faire des réformes politiques la première priorité pour consacrer l'Etat de droit”, assène le président du MSP avec en filigrane le sous-entendu de l'échec du projet de réformes à cause de ses alliés avec lesquels “il partage pourtant la philosophie”. Outre les raisons objectives de son retrait de l'Alliance dont la mission, selon son texte fondateur, prend fin avec l'achèvement du programme du Président, le MSP aurait agi dans un sursaut de fierté du minoré invité par ses alliés à se retirer après ses maintes menaces de quitter le navire. Décision également populiste dans la mesure où le MSP entend cueillir quelques dividendes du Printemps arabe, celui des autres. Il a d'ailleurs entamé sa précampagne bien avant tout le monde en ciblant en priorité l'action du gouvernement. Ainsi donc, le MSP quitte l'Alliance et garde ses portefeuilles dans une stricte fidélité à sa politique d'entrisme. Ce que d'aucuns qualifieront d'opportunisme élémentaire. D.B.