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«Nous voulons un gouvernement transitoire et une nouvelle charte nationale» Moussa Touati, l'un des 16 leaders politiques contestataires, au Temps d'Algérie :
Des seize partis politiques ayant donné naissance au Front national de la sauvegarde de la démocratie dont la création a été proclamée lundi dernier au siège du FJD (El Adala), le Front national algérien (FNA) est la formation qui a eu le plus grand score lors de la dernière consultation électorale, avec neufs députés élus. Son président Moussa Touati revient, dans cet entretien, sur les objectifs visés par ce regroupement, qui conteste l'issue du dernier scrutin, entaché, selon lui, de «fraude massive». Il évoque la nécessité d'un gouvernement transitoire qui se chargera d'abord de rédiger une charte nationale avant de procéder à la révision de la Constitution. Il explique aussi les raisons ayant amené plus d'une quinzaine de partis à annoncer à l'unisson le boycott de la prochaine législature qu'il qualifie d'ores et déjà «d'illégitime». Tout comme il sollicite l'intervention du président de la République pour «redresser la barre». Le Temps d'Algérie : En plus du boycott de la prochaine APN, l'une des décisions phares prises à l'issue de la réunion de lundi dernier porte sur la création d'un front national de sauvegarde de la démocratie. Les 16 partis ayant validé l'institution de ce front sont-ils parvenus à désigner de manière consensuelle un dirigeant à sa tête ? Moussa Touati : Nous n'avons pas jugé utile de doter le Front national de la sauvegarde de la démocratie d'une composante humaine ou d'un président assisté de collaborateurs. L'objectif n'est pas de donner naissance à un nouveau parti politique, loin s'en faut. C'est juste que nous aspirons à mettre en place un nouveau mécanisme qui aura pour mission la protection et la défense de la démocratie, des libertés ainsi que la consécration du choix du peuple. Pour l'heure, nous sommes seize partis à adhérer à ce front, dont je suis moi-même l'initiateur. Aucun des présidents de ces partis n'a été désigné pour diriger cette nouvelle structure politique, car nous pensons que le mieux serait que chacun des partis adhérents défende les idées que véhicule ce nouveau front dans son camp, c'est-à-dire au sein de son propre parti politique. Dans les décisions prises, l'on retrouve celle relative à la création d'une instance qui aura pour seule mission la révision de la Constitution. Pourrions-nous avoir davantage de détails à ce sujet ? Il s'agit en effet de la création d'un gouvernement transitoire que nous jugeons nécessaire pour assurer la gestion des affaires du pays durant une période donnée. Le recours à une telle instance est motivé par le fait que les dernières législatives ont connu de graves dépassements. Aussi bien le Parlement que le gouvernement qui en découleront ne seront en aucun cas l'émanation de la volonté du peuple. Du coup, les premières missions de ce gouvernement transitoire, c'est d'abord de statuer sur les prochaines consultations électorales et ensuite de présenter au peuple une charte nationale où sera notamment défini le mode de gouvernance de la République. Les Algériens auront ainsi à choisir la nature du régime, c'est-à dire soit présidentiel, soit semi-présidentiel ou encore un régime parlementaire. Et c'est à partir de ce moment que l'on pourra parler de révision de la loi fondamentale du pays. Samedi prochain, jour de l'installation de la nouvelle APN, les 16 partis ayant décidé de boycotter cette septième législature envisagent la création d'un parlement parallèle. Concrètement, comment cette idée pourrait être réalisée ? Nous avons prévu d'inviter les candidats qui ont conduit les listes des seize partis lors des récentes élections législatives que nous persistons à qualifier de mascarade électorale. Nous avons en effet cette ambition de mettre en place non pas un parlement parallèle comme vous le désignez, mais plutôt un parlement populaire, car c'est ainsi que nous préférons l'appeler. Nous allons collaborer avec ces candidats têtes de liste pour l'élaboration d'un livre blanc où seront mentionnés l'ensemble des dépassements de nature politique, y compris ceux liés aux fraudes électorales. La création d'un parlement populaire, c'est aussi une démonstration de notre rejet de la prochaine APN que nous estimons illégitime et qui ne pourra donc pas légiférer au nom du peuple. S'agissant de l'endroit où sera installé ce parlement populaire, j'avoue que jusqu'à présent nous n'avons pas fixé de lieu. J'ai émis des demandes d'autorisation pour avoir une salle à Alger, en vain. On va donc tenté de trouver un endroit ailleurs. Avez-vous fait une demande officielle réclamant l'annulation des résultats des législatives du 10 mai ? Non, nous n'avons émis aucune demande en ce sens, mais nous restons convaincus que le scrutin des législatives a été entaché de fraude massive et que l'APN élue sur cette base ne représente pas le tiers de la population algérienne. Je crois que face à pareil constat, c'est au président de la République de réagir pour sauver le devenir du pays. Le chef de l'Etat a assuré à maintes reprises, avant la date du 10 mai, que le scrutin des législatives sera différent des autres en termes de crédibilité et de garanties de transparence. Même le taux de participation a été gonflé démesurément, puisqu'on croit savoir que seulement 15% des électeurs ont voté. On aurait pu tolérer un taux de participation de 30%, mais de là à parler d'une participation de près de 43% de votants, cela est énorme. Du coup, la prochaine APN ne pourra se targuer d'aucune légitimité