Ils étaient des centaines d'étudiants des différents instituts et cités universitaires de Tlemcen à sortir, hier, dans une grande marche de protestation avant d'observer un sit-in devant le siège de la wilaya. Initiée par les organisations estudiantines, les marcheurs ont arpenté le grand boulevard menant vers la radio locale et les services des urgences médicales pour regagner ensuite la faculté de médecine, située en plein centre-ville, où un grand regroupement a été organisé pour la circonstance par les étudiants. Après avoir observé une minute de silence à la mémoire de leurs camarades victimes de l'explosion de gaz, servenue vendredi dernier, les manifestants ont tenu à se solidariser avec les familles des victimes et leur apporter leur soutien. Tour à tour, les responsables des organisations estudiantines se sont exprimés pour affirmer unanimement «qu'ils ne cautionnent guère les mesures prises par le wali de Tlemcen traduites par l'incarcération du directeur de la cité universitaire et du responsable du restaurant». «Nous ne voulons pas de bouc émissaire et le directeur de la cité n'est nullement responsable de ce drame», affirment-ils. Et de souligner : «C'est le directeur des œuvres universitaires qui en est le principal responsable car, au moment où étudiants résidents et responsables de la cité lui ont fait part de leurs préoccupations concernant une éventuelle fuite de gaz, il avait donné une suite de non-recevoir à toutes ces doléances, préférant sa campagne électorale pour les législatives au sort de centaines de résidents de la cité Bekhti-Abdelmadjid.» Ils ont exigé que toute la lumière soit faite «sur les sources de financement de sa campagne électorale» et «des lettres ont été remises au ministre de l'Intérieur et d'autres adressées au président de la République» sans toutefois dévoiler leur contenu. Selon certains étudiants, ces courriers «apportent des preuves irréfutables de certaines malversations financières du directeur des œuvres universitaires et sur ses dépenses au cours de sa campagne électorale». Et de s'interroger : «Comment un cadre, dont le salaire ne dépasse pas 80 000 DA, a-t-il pu financer les 100 000 affiches, les frais de déplacements et la collecte des signatures puisqu'il s'est présenté à titre indépendant», considérant que cette explosion de gaz n'est «en vérité que l'explosion de ses secrets». Notons que le directeur des œuvres universitaires a été placé sous mandat de dépôt, hier, par le parquet de Tlemcen, en attendant le résultat de l'enquête dont les premiers éléments confortent, selon certaines indiscrétions, «la thèse de négligence». Par ailleurs, nous apprenons que les étudiants du pôle universitaire de Chetouane observent, depuis hier, une grève illimitée et brandissent des banderoles de solidarité avec leurs camarades victimes de cette tragédie.