Vicente Del Bosque avait déjà un palmarès conséquent lorsqu'il a pris la tête de l'Espagne championne d'Europe en 2008, mais cet homme discret n'a pas bouleversé les habitudes. Rien n'a vraiment changé depuis quatre ans, si ce n'est le statut de cet homme, parce que l'ancien entraîneur du Real Madrid a guidé l'Espagne sur le toit du monde il y a deux ans. La succession de Luis Aragones s'est faite sans heurts. Del Bosque a prôné la continuité et le triomphe sud-africain lui a donné raison. Sous ses ordres, la Roja a gagné 46 des 54 matches qu'elle a disputés dont ses huit dans les qualifications pour l'Euro 2012. Elle a empilé 137 buts pour seulement 42 encaissés. Del Bosque y est parvenu en ne bouleversant pas la sélection mais en imposant son style, aux antipodes de son prédécesseur. Quand le doyen Aragones se laissait volontiers aller à des harangues spectaculaires et à des débordements verbaux parfois douteux, Del Bosque, 61 ans, se pose en figure paternelle pour tirer le meilleur des hommes et entretenir l'harmonie. L'Espagne s'est inclinée face aux Etats-Unis en demi-finale de la Coupe des confédérations 2009 et a perdu son premier match de la Coupe du monde 2010 face à la Suisse. Ces revers, pour spectaculaires qu'ils aient été, n'ont pas empêché la Roja de s'offrir une première couronne mondiale sous la gouverne d'un homme qui transpire et infuse la sérénité. De la même manière, les déroutes en match amical contre le Portugal (4-0) et l'Argentine (4-1) n'ont rien pesé dès lors que Del Bosque a utilisé ces rencontres pour tenter d'innover. Jamais, en tout cas, le sélectionneur n'a remis en cause l'idéal de jeu porté par l'Espagne et ses joueurs de talent. "Un entraîneur ne vaut que ce que ses joueurs valent", a dit à Reuters le technicien qui entend rester jusqu'au prochain Mondial, en 2014 au Brésil. "Dans notre cas, bien sûr, nous avons quelques très bons joueurs qui rendent tous ceux qui les côtoient meilleurs." "J'apprécie ce que je fais et je suis animé d'une passion pour ce travail qui consiste à apporter chaque jour quelque chose à l'équipe." Fils d'un employé des chemins de fer, Del Bosque est loué pour son honnêteté, sa discipline, son éthique sans faille et sa retenue dans la victoire comme dans la défaite. Il lit tout ce qui s'écrit sur les performances de son équipe, respecte les opinions de chacun quelles qu'elles soient, accepte les critiques et réfléchit volontiers aux suggestions de changements tactiques. Homme du Real Madrid, un club avec lequel il a gagné deux Liga et deux Ligue des champions en tant qu'entraîneur, il a ôté un temps cette étiquette pour rassembler les Espagnols. Sous ses ordres, les tensions vivaces qui émaillent les oppositions entre Madrilènes et Barcelonais sur fond de rivalité sportive mais aussi de fierté régionale, s'effacent.