Le Portugal a obtenu lundi un nouveau satisfecit de ses créanciers internationaux, conforté ainsi, un an après l'obtention d'une aide financière, dans sa politique de rigueur même si le gouvernement a admis une progression inquiétante du taux de chômage. "D'après l'évaluation des institutions internationales, nous respectons notre programme de redressement", s'est félicité le ministre des Finances, Vitor Gaspar, à l'issue de la quatrième mission d'évaluation de la "troïka" (UE-BCE-FMI) représentant les bailleurs de fonds du Portugal. "Nous continuons de faire face à des risques et incertitudes considérables au plan extérieur", a-t-il toutefois reconnu. Le nouveau satisfecit de la "troïka" va permettre de débloquer une cinquième tranche de financement d'un montant de 4,1 milliards d'euros à précisé le ministre. Avec ce nouveau versement, le Portugal aura reçu environ 75% de l'aide totale de 78 milliards d'euros, accordée en mai 2011 par l'Union européenne et le Fonds monétaire international en échange d'un vaste programme de rigueur et de réformes sur trois ans. Le quatrième examen de la "troïka" s'est toutefois déroulé dans un climat assombri par une augmentation du taux de chômage dans des proportions imprévues. Le gouvernement a ainsi dû revoir ses prévisions en nette hausse estimant que le chômage atteindrait 15,5% en 2012 et culminerait à 16% l'année suivante. Les estimations précédentes tablaient un taux de 14,5% en 2012 et de 14,1% en 2013. "Depuis 2010, la hausse du chômage dépasse les attentes, même en tenant compte de l'importante baisse de l'activité économique", a admis M. Gaspar. Le phénomène "n'est pas propre au Portugal", a-t-il toutefois tempéré alors que le taux du Portugal est effectivement très loin de celui que connaît actuellement l'Espagne voisine, supérieur à 24% de la population active. "La détérioration du taux de chômage exige une réponse qui facilite la création d'emploi", a souligné M. Gaspar en annonçant l'adoption prochaine d'un programme destiné à impulser le travail des jeunes dont plus de 36% sont actuellement sans emploi. Les réformes mises en œuvre pour "flexibiliser le marché du travail" doivent être poursuivies, a souligné le ministre estimant qu'elles contribueraient à la création d'emplois "à moyen terme". Le Portugal a adopté le mois dernier une réforme du marché de l'emploi qui a notamment assoupli les horaires de travail et les critères de licenciements, puis supprimé des congés et des jours fériés. Alors que la hausse du chômage risque de peser sur les déficits en raison d'une augmentation des dépenses en matière d'allocations, le ministre a réaffirmé l'objectif du gouvernement de ramener cette année son déficit public à 4,5% du PIB. "La seule certitude que nous avons, est notre travail, effort, détermination et sacrifice", a dit M. Gaspar dans un plaidoyer en faveur de la politique d'austérité qu'il conduit depuis un an. "Il faut nous concentrer sur ce que nous pouvons contrôler: respecter les objectifs de notre programme" car "c'est la seule façon de pouvoir compter sur le soutien de nos partenaires", a-t-il ajouté alors des craintes persistent selon lesquelles le Portugal pourrait avoir besoin d'une nouvelle aide. Le ministre a confirmé que l'économie portugaise reculerait de 3% en 2012, soit une contraction légèrement inférieure à celle de 3,3% prévue lors de la précédente évaluation de la "troïka". Même en restant un bon élève de ses créanciers, le Portugal demeure sous la menace d'une éventuelle "contagion" alors que la crise de la dette continue de sévir en Grèce et en Espagne, a estimé récemment la Banque du Portugal. Il est "dans le plus grand intérêt" du Portugal que "la zone euro dans son ensemble puisse faire les pas décisifs qui assurent la stabilité du système", a également souligné M. Gaspar.