La Pologne, hôte de l'Euro-2012 avec l'Ukraine, va ressentir vendredi contre la Grèce à Varsovie tout le poids du coup d'envoi à donner dans le plus grand évènement sportif jamais organisé dans l'Est de l'Europe. Les Polonais vont-ils résister à cette pression insensée ? "Le premier pas est toujours le plus important, et le premier pas c'est la Grèce et je ne peux pas cacher que c'est la compétition la plus importante de ma vie", avoue le capitaine polonais "Kuba" Blaszczykowski, sacré récemment champion d'Allemagne avec le Borussia Dortmund. Sur le papier, la Pologne n'a pas sa place dans ce championnat qui rassemble les 16 ténors du Vieux Continent avec son 62e rang au classement Fifa. Le Premier ministre polonais Donald Tusk, un passionné de football et joueur lui-même à ses heures perdues, a eu une drôle de formule au moment de livrer son pronostic: "La Pologne deviendra championne d'Europe. Et si nous n'y arrivons pas, ce sera l'Espagne!" Mais l'homme politique, lui aussi, pense que beaucoup de choses dépendront du match d'ouverture: "Je crois que le match contre la Grèce sera le plus difficile du groupe à cause du style de jeu (défensif) des Grecs et parce qu'il s'agit d'une première rencontre. Les attentes sont évidemment très grandes". "Etant réaliste, je pense que la Pologne l'emportera 1 à 0", s'est toutefois risqué M. Tusk. "Tout est possible, même la Pologne en finale, a-t-il ajouté. Et si je devais miser sur les deux qualifiés du groupe (pour les quarts de finale), je mettrais mon argent sur la Pologne et la Russie." Justement, les Polonais ont peut-être aussi déjà en tête le match chargé de tension (liée au poids de l'Histoire entre les deux pays) qui vient ensuite le 12 juin contre la Russie à Varsovie. Les Russes ont pris leurs quartiers dans un grand hôtel du centre de la capitale, à proximité du palais présidentiel où a lieu, chaque 10 du mois, une cérémonie en souvenir du président polonais Lech Kaczynski qui donne lieu à des manifestations d'hostilité à l'égard de la Russie. Blaszczykowski assure que non: "Le plus important c'est maintenant, nous ne pouvons pas penser à la Russie maintenant". Les Grecs abordent eux le match de vendredi en parfaits outsiders. "Nous n'avons rien à craindre contre la Pologne, a déclaré le défenseur Giorgos Tzavellas. Les Polonais vont devoir nous analyser car ils vont avoir la pression du premier match, en tant qu'équipe qui reçoit." La Grèce aimerait faire oublier sur les pelouses polonaises la terrible crise économique qui frappe le pays. Et pour cela, les Hellènes se repassent en boucle l'incroyable épopée de l'Euro-2004. L'équipe d'alors, cornaquée par Otto Rehhagel, avait battu deux fois le Portugal de Cristiano Ronaldo et Luis Figo, pays hôte, en match d'ouverture (2-1) et en finale (1-0). Le défenseur de Monaco Giorgos Tzavellas en est sûr: "Je crois que nous pouvons répéter ce que nous avons fait en 2004 quand nous avions volé le match d'ouverture au pays hôte. La Pologne va stresser et nous allons leur voler leur fête".