L'équipe de France effectue ses grands débuts à l'Euro-2012 avec une affiche de gala contre son vieil ennemi, l'Angleterre, lundi à Donetsk (groupe D), première étape d'un tournoi censé acter sa réhabilitation sportive et morale, deux ans après le fiasco de Knysna. L'heure de vérité a sonné pour les Bleus de Laurent Blanc, qui vont entrer directement dans le vif du sujet contre leurs grands rivaux anglais (18H00 françaises). Quel que soit le résultat de ce premier match, tout restera encore possible dans un groupe largement à leur portée (avec l'Ukraine et la Suède). Mais ce face-à-face, jamais anodin contre la sélection aux Trois Lions, donnera forcément le ton et conditionnera la suite du parcours. Un mauvais résultat ne ferait que réveiller les vieux démons d'une formation qui n'a plus remporté la moindre rencontre en phase finale depuis la demi-finale du Mondial-2006. Il faut même remonter à l'Euro-2004 pour trouver trace d'une victoire française lors d'un premier match. Comme par hasard, l'adversaire d'alors était déjà anglais, mais les Bleus pouvaient à l'époque compter sur un génie nommé Zinedine Zidane, auteur d'un doublé dans les arrêts de jeu (2-1). Le grand Zizou n'est plus là et les jeunes Bleus (moyenne d'âge 26 ans et demi), à l'expérience internationale très limitée, doivent cette fois écrire leur propre histoire et surtout refermer la cicatrice du Mondial-2010. La campagne qualificative, bien que poussive, a tout de même entretenu l'espoir et plusieurs succès de prestige en amical (Angleterre, Brésil, Allemagne) ont conforté le successeur de Raymond Domenech dans son travail de reconstruction de l'équipe de France, invaincue depuis 21 matches. Mais ce bel édifice est encore très fragile et pourrait très bien s'écrouler en cas de faux départ. Le principal danger qui guette les Bleus est ce statut de favori dont ils ont hérité à la faveur des malheurs qui se sont abattus sur leur futur adversaire (forfaits sur blessure de Lampard, Cahill, Barry, suspension de Rooney, nomination tardive du sélectionneur Roy Hodgson). Un cadeau empoisonné dont ils se seraient volontiers passés. L'équipe de France préfère en effet la jouer profil bas, consciente que les échecs au 1er tour à l'Euro-2008 et au Mondial-2010 ne l'autorisent plus à bomber le torse. Les motifs d'espoir ne manquent pourtant pas et les troupes de Laurent Blanc ont tout de même des arguments à faire valoir, à commencer par le duo Ribéry-Benzema. L'attaquant du Real Madrid affiche une forme étincelante, dans la lignée de sa prolifique saison en Espagne, mais c'est surtout la renaissance en bleu de "Francky" qui permet tous les rêves. Avec 3 buts lors des 3 rencontres de préparation, le joueur du Bayern Munich est redevenu une arme redoutable en sélection où il évolue enfin libéré et semble avoir chassé de sa mémoire ses récents tourments (affaire Zahia, grève de l'entraînement en Afrique du Sud). Avec deux joueurs de classe internationale dans ses rangs et un 4-3-3 qui a fait ses preuves, la France part au combat avec au moins quelques certitudes. Reste à savoir si cela suffira à briser le mur anglais qui risque de se dresser devant elle. Diminués, les coéquipiers de Gerrard ne vont sûrement pas se jeter à l'abordage et vont attendre sagement les Français avant d'opérer en contre. Hodgson et ses adjoints ont dû constater avec plaisir les failles de la défense tricolore et cette charnière Rami-Mexès loin d'être sécurisante. La vitesse de Young et de Welbeck pourrait alors s'avérer fatale. Sans une arrière-garde solide, la nouvelle Histoire que tente d'écrire l'équipe de France de Laurent Blanc ne resterait qu'à l'état d'ébauche.