La pression des courants salafistes et islamistes sur la Tunisie ne cesse de croître ces derniers temps menaçant sérieusement la stabilité du pays voisin qui a eu déjà à subir des pertes énormes depuis le déclenchement de la révolte en janvier 2011. L'appel lancé hier par le mouvement salafiste radical Ansar Al Charia à «tous les Tunisiens à manifester vendredi après la prière contre les atteintes à l'Islam» ne présage pas d'un avenir rassurant pour Tunis, surtout en cette période de haute saison touristique permettant à des millions de touristes, surtout maghrébins et européens, de profiter de leurs vacances dans la quiétude. Les informations rapportées par les agences de presse et des médias tunisiens font craindre plus d'un. Lundi, le nouveau chef d'Al Qaïda, Ayman Al Dhaouahiri, a lancé un message sur des sites Internet accusant le mouvement d'Ennahda de «trahison et de reniement des principes de l'Islam». Le leader d'Al Qaïda a appelé carrément «les Tunisiens à n'accepter aucune substitution à la charia». «Ils sont en train d'inventer un Islam acceptable aux yeux du département d'Etat américain, de l'Union européenne ou des pays du Golfe. Un Islam sur commande», déclare Al Dhaouahiri avant d'ajouter : «Un Islam qui autorise les casinos, les plages naturistes, les taux usuraires des banques, des lois laïques et la soumission au droit international.» Hier, un membre de la mouvance Ansar Al Charia a appelé «tous les Tunisiens à manifester dans tout le pays après la prière du vendredi pour protester contre les atteintes à la religion». Il se trouve que cette mouvance est dirigée par un leader radical, Abou Iyadh, issu de la tendance salafiste jihadiste. Dans une vidéo circulant sur Facebook, une autre figure de la mouvance radicale, l'imam Abou Ayoub, a lui appelé au soulèvement. «Peuple musulman, il faut que tu te soulèves vendredi après la prière, en réponse à ceux qui se moquent de l'Islam», déclare-t-il, en accusant «le président tunisien Moncef Marzouki d'avoir abandonné l'Islam». Dans la nuit de lundi à mardi, des violences simultanées impliquant des salafistes ont éclaté en plusieurs endroits de la capitale tunisienne. Ces troubles seraient liés, selon la presse tunisienne, à une exposition artistique, le Printemps des Arts dans le quartier de La Marsa, qui a suscité la fureur d'islamistes en raison d'œuvres jugées blasphématoires. Selon Associated Press, la police tunisienne a dû procéder à des tirs de sommation pour disperser un important rassemblement de plus d'un millier de salafistes qui tentaient d'incendier un poste de sécurité dans la zone du Kram, une banlieue populaire au nord de Tunis (nord-est). Un responsable du bureau de communication du ministère de l'Intérieur, Lotfi Hidouri, fait état de 90 arrestations dans différents endroits, notamment Le Kram, La Marsa et Sijoumi. Sept membres des forces de l'ordre auraient été blessés. Face à la multiplication des actes de violence attribués à des groupes dits salafistes, le ministre de l'Intérieur, Ali Larayedh, a autorisé les forces de l'ordre à tirer à balles réelles. Ces informations ne sont pas du tout rassurantes et interpellent plus d'un. A qui profitera cette agitation ? Sûrement pas à la Tunisie.