C'est une Espagne à visage humain qui s'est qualifiée pour les quarts de finale de l'Euro 2012 en battant sur le fil (1-0), lundi à Gdansk, des Croates qui ont montré l'exemple à suivre pour les futurs adversaires des tenants du titre. Conformément aux attentes, les Espagnols sortent en tête du groupe C avec sept points et deux longueurs d'avance sur l'Italie victorieuse (2-0) de l'Irlande, qui bien que déjà éliminée, a chèrement vendu sa peau dans l'autre rencontre de la soirée. Les hommes de Vicente Del Bosque affronteront samedi à Donetsk le deuxième du groupe D à déterminer entre la France, l'Ukraine et l'Angleterre, toutes trois encore en lice pour une qualification avant les matches de mardi. Les Italiens défieront eux le premier du groupe D, dimanche, au stade olympique de Kiev. Si les résultats de cette première phase dans le groupe C sont conformes aux attentes, les enseignements sont eux à chercher dans les performances successives des Espagnols depuis le début du tournoi. Les champions du monde et d'Europe affichent une supériorité bien moins insolente que lors du Mondial 2010 en Afrique du Sud et de l'Euro 2008 en Autriche et en Suisse. Certes, ils demeurent les maîtres dans le petit jeu technique mais leur domination ne leur assure plus de victoires faciles dès lors que les adversaires se montrent patients et surtout rigoureux dans le placement défensif. S'ils ont largement dominé des Croates habitués à jouer les trouble-fête, les Espagnols n'ont dû leur succès qu'à un but du remplaçant Jesus Navas, servi par Andres Iniesta à deux minutes de la fin. Comme l'a reconnu Del Bosque, la performance d'ensemble de ses protégés "n'a pas été brillante" mais au moins ils ont dominé. Un constat identique s'imposait après le match nul 1-1 lors du match inaugural, face à l'Italie. Les tenants du titre demeurent les premiers candidats à leur propre succession mais ils ne peuvent plus compter sur l'effet de surprise: leur style de jeu a été analysé et compris par leurs adversaires qui se sont adaptés. Les seuls qui ne sont pas encore parvenus à une analyse approfondie sont peut-être les Irlandais qui, comme les Pays-Bas dimanche, quittent le tournoi avec trois défaites et zéro point. Le choix entre l'Espagne et l'Italie ressemble désormais à un dilemme pour les Français s'ils doivent se qualifier mardi car la Squadra Azzurra n'est jamais aussi dangereuse que dans les situations compliquées, même si elle est apparue moins à l'aise dans un système en 4-4-2 avec deux attaquants lundi soir. Face à des Irlandais qui n'avaient plus rien à perdre puisque déjà éliminés, les Italiens ont débord subi le défi physique avant de faire basculer le match en leur faveur sur une tête victorieuse d'Antonio Cassano à la 35e minute. "Cela a été un match très dur contre une équipe qui nous a fait souffrir", a admis le sélectionneur Cesare Prandelli. "Nous nous sommes créé beaucoup d'occasions et j'espère que cela sera la même chose au prochain match". Menant au score, les Azzurri ont fait ensuite ce qu'ils savent le mieux faire: protéger un résultat, fatiguer l'adversaire et attendre le coup de sifflet final. Malgré toute leur volonté, les Irlandais n'ont pas réussi à faire sauter le verrou défensif italien et comme cela se produit souvent, ce sont eux qui ont encaissé un nouveau but en fin de rencontre. Entré à la 75e, le fantasque Mario Balotelli, que Prandelli avait décidé de garder sur le banc pour l'utiliser dans un rôle de joker, a marqué un but improbable, une reprise dos au but imparable à la dernière minute. "Ce soir, nous savions que le courage compterait plus que la qualité", a reconnu Prandelli, dont les protégés ont confirmé qu'ils étaient prêts à mettre en œuvre dans la suite du tournoi cette philosophie de jeu qu'ils ont fait leur.