Déséquilibré sur le papier, le quart de finale de l'Euro-2012 entre l'Allemagne et la Grèce, vendredi à Gdansk (20h45 françaises), promet un match âpre et tendu, à la portée symbolique forte entre deux pays aux relations houleuses en raison de la crise de la zone euro. Dans un monde idéal, la configuration de ce match serait assez simple. D'un côté, l'Allemagne, avec son jeu chatoyant, reste sur 14 victoires d'affilée en matches officiels et elle a survolé le "groupe de la mort" lors de la première phase, en battant au passage le Portugal et les Pays-Bas, vice-champions du monde. De l'autre, la Grèce, avec son jeu limité, sa vaillance et son réalisme, s'est invitée à ces quarts, en battant notamment les favoris russes sur son score favori de 1-0 lors de la dernière journée du premier tour. Une équipe qui n'est jamais aussi redoutable que lorsqu'elle joue face à plus fort qu'elle, comme elle l'a montré en 2004, en remportant, avec les mêmes méthodes et la même organisation, l'Euro au Portugal. Mais, à cette capacité du collectif grec à se surpasser dans les matches à enjeu, vient s'ajouter un contexte politique et économique pesant, qui fait de cette rencontre une question d'honneur pour eux. La Grèce, écrasée par le poids de sa dette publique, a été mise sous perfusion financière par l'Union européenne et le FMI, qui ont exigé en échange de leur aide, et notamment sous l'impulsion de la riche Allemagne, un plan de rigueur drastique, qui a fortement dégradé les conditions de vie dans le pays. Certains médias dans les deux pays s'en donnent à cœur joie pour attiser régulièrement ce différend avec des gros titres provocateurs, et ce match n'a pas fait exception. Et la présence annoncée dans les tribunes de la chancelière allemande, Angela Merkel, ajoute à la dimension politique de la rencontre. Les joueurs des deux équipes, conscients de la résonance politique de l'évènement, veulent toutefois se concentrer sur l'aspect purement sportif de la rencontre. "Nous ne sommes pas là pour parler politique, mais pour jouer au football. Tout le monde est au courant de la crise qui frappe notre pays, mais ce n'est pas la chose la plus importante pour nous à l'heure qu'il est. Le plus important pour nous est de porter notre maillot avec notre drapeau dessus, de jouer pour nous-mêmes, pour les gens au pays, c'est tout", a affirmé Kostas Katsouranis, milieu de terrain grec. Et son coéquipier de l'attaque, Dimitris Salpingidis, de promettre l'enfer à la Mannschaft: "si vous venez dans nos vestiaires, vous trouverez 22 guerriers, prêts à se battre (...) Ce que nous allons faire, c'est nous battre, et essayer de passer ces quarts". Les Grecs devront toutefois se passer de leur capitaine-aboyeur Giorgos Karagounis, suspendu. L'Allemagne, elle, mise sur la patience et son jeu en mouvement pour franchir la muraille grecque, ainsi que sur sa solidité défensive retrouvée pour ne pas prendre de but en contre. Une confrontation entre deux équipes aux jeux aussi diamétralement opposés que leur situation économique