Depuis trois jours, la localité de Ouaguenoun, située à 20 km au nord de Tizi Ouzou, vit au rythme d'émeutes et d'escarmouches. L'arrestation par les services de sécurité d'un propriétaire d'un tracteur qui transportait du sable, sous le motif d'interdiction de l'extraction du sable de l'Oued Sébaou, a provoqué l'ire des habitants de la région. De violents affrontements se sont ainsi éclatés entres les éléments de la Sûreté urbaine de la circonscription de Ouaguenoun et une centaine de jeunes de cette région. Les violences ont gagné en intensité hier soir encore. Les émeutiers sont revenus à la charge, après une accalmie passagère. Durant toute la nuit d'hier, selon des sources locales, les jeunes ne cessaient de jeter des pierres et toutes sortes d'objets en direction du commissariat de Ouaguenoun, sise non loin du chef-lieu communal, au lieudit Tabourt Netkobain, et ce, jusqu'au petit matin. Les services de sécurité ont tenté tant bien que mal à repousser les manifestants en furie en usant de gaz lacrymogène. Aucun blessé n'a été enregistré jusqu'à hier, précise notre source. Le même scénario a été enregistré aussi durant la journée de jeudi où trois autres jeunes manifestants ont été interpellés par la police. Des interpellations qui n'ont fait qu'ajouter de l'huile sur le feu, puisque les émeutes se sont propagées davantage dans plusieurs endroits et quartiers de la localité de Ouaguenoun. Ce n'est qu'après leur relâchement durant l'après-midi de jeudi que la tension a baissé un peu et permis à la région de retrouver temporairement son calme, avant que les émeutes ne reprennent de plus belle durant la nuit. Les commerçants sont alors contraints de fermer leurs commerces et cela dure depuis mercredi dernier. «L'arrestation du propriétaire du tracteur n'est que la goutte qui a fait déborder le vase. A vrai dire, il n'a pas ramené ce sable de l'oued, il l'a juste déplacé d'un chantier à un autre. Récemment, un père de famille a été condamné à 18 mois de prison ferme pour avoir transporté de Oued Sébaou du sable, d'autres personnes ont vu leurs camions saisis et les services de sécurité ne font qu'accentuer la pression sur la population locale, notamment les nombreux jeunes chômeurs de notre localité qui sont livrés à eux mêmes. Je me demande pourquoi ils n'arrêtent pas les grands entrepreneurs qui extraient le sable de cet oued en toute quiétude sous les regards mêmes des services de sécurité», fulmine un habitant de la région de Ouaguenoun que nous avons contacté. Si la situation était calme durant la journée d 'hier, il n'en demeure pas moins que l'atmosphère demeure toujours palpable à Ouaguenoun, une région où le chômage touche plus de la moitié de la population. Une petite partie de la population des communes d'Aït Aïssa Mimoun et Boudjima font vivre leurs familles de la vente du sable de construction qu'ils extraient de l'Oued Sébaou depuis des décennies.