Ces derniers temps et à l'approche du mois de Ramadhan, le phénomène lié au manque de liquidités refait surface. «Pas d'argent», c'est la réponse qu'obtiennent les titulaires des comptes courants postaux (CCP) au nivaeu des bureaux de poste d'Alger, Oran, Constantine et de la plupart des villes d'Algérie où même les distributeurs automatiques de billets (DAB) ne fonctionnement pas. Face à une situation récurrente qui a failli créer un «conflit» entre les deux parties concernées, en l'occurrence les citoyens d'un côté et les responsables des bureaux de poste de l'autre, on s'interroge sur les mesures que doivent prendre les autorités pour que cette situation que connaîssent les ménages algériens ne perdure. Au niveau du Bureau de poste de la place du 1er Mai à Alger, un titulaire d'un compte CCP évoque cette crise de liquidités. «J'habite au quartier Mohammadia à El Harrach. Il y a quatre jours de cela, ma femme est allée retirer son salaire au niveau du bureau de poste du quartier et n'a pas pu le faire, et la raison qu'on lui a donnée est le problème du réseau informatique. C'est pourquoi, je suis venu ici à la place du 1er Mai, pour pouvoir lui retirer son argent». Durant presque une semaine, les citoyens de Mohammadia ont multiplié les allers-retours à leur bureau de poste pour retirer leurs salaires, sans résultat. On invoque toujours le même problème «Faute de réseau». La petite communauté du quartier d'El Harrach s'est organisée en formant des groupes pour demander leurs droits. Quelques jeunes gens les ont rejoints et se sont révoltés devant la poste pour revendiquer leur droit le plus légitime, celui de procéder au retrait de leurs salaires de leurs comptes CCP. Cependant, «les causes avancées par les responsables ne sont que des spéculations qui tendent à dissimuler les véritables raisons de ces bugs répétitifs», explique Rédha, habitant d'El Harrach. Les forces de l'ordre ont dû intervenir pour disperser les manifestants, mais les gens toujours en grogne contre leur bureau de poste ne comprennent pas pourquoi cette situation refait surface périodiquement dans leur quartier, et dans le pays en général. «Et pourtant, le gouvernement a toujours pris les mesures nécessaires pour permettre aux millions de détenteurs de comptes chèques postaux, constitués de salariés, retraités et boursiers, de procéder, sans entraves ni retards, au retrait sur leurs avoirs notamment durant le mois sacré du Ramadhan. Dans ce cas, cela n'a qu'une explication, l'anarchie totale dans l'organisation du travail dans nos bureaux de poste» a déclaré M. Mohamed, un retraité de Sonelgaz. A la Grande-Poste, les citoyens déposent leurs mandats avec leur signature conforme selon les exigences du guichetier en attendent leur tour. La note affichée est claire, la somme autorisée pour un retrait ne peut dépasser les 20 000 DA. Les clients des chèques postaux affichent des visages stressés, fatigués par la canicule que connaît la capitale cette semaine, et ne demandent qu'une chose : pouvoir retirer la somme inscrite sur le mandat qu'ils présentent à l'agent de bureau. Malheureusement, leur attente risque d'être longue, le bureau de poste est doté de 7 guichets, mais seulement 4 guichets sont opérationnels. Yacine, un habitant du quartier a déclaré : «Nous attendons depuis 08h30, les gens affluent de plus en plus, nos mandats sont sur le comptoir et nous ne voyons rien venir. Il y a toujours ce problème qui ne trouvera jamais de solution. On ne nous donne aucune explication. Ils gèrent à leur façon notre argent. Je n'y comprends rien. Depuis l'arrivée de l'ordinateur, qui est censé faciliter les opérations de transfert, nous assistons à l'effet contraire, c'est-à-dire plus de retard dans le retrait de nos salaires». Les clients des chèques postaux au niveau du bureau de poste de la place des Martyrs vivent la même situation. Interrogés sur la cause de ces interminables files d'attente, les citoyens déclarent «c'est une désorganisation totale. On applique les instructions en mettant nos mandats devant les guichetiers, mais çà traîne, les agents nous regardent, et lorsqu'on leur pose la question sur ces retards, ils ne nous donnent aucune réponse». Où est la solution ? Un responsable de ces bureaux de poste, interrogé sur ces retards qui empoisonnent le quotidien des citoyens évoque les mesures qui ont été prises par le ministère des postes et télécommunications affirme que «les mesures décidées par le ministère lors des délibérations qui ont regroupé toutes les instances concernées sont appelées à s'inscrire dans la durée et à s'améliorer avec le temps, y compris à travers la distribution de coupures de 200 DA auquel procède la Banque d'Algérie, pour une bonne utilisation des distributeurs automatiques de billets, installés au niveau des bureaux de poste et agences bancaires». Pour garantir la bonne mise en œuvre des mesures prises en faveur de la clientèle des chèques postaux, la solution proposée à ce problème par Algérie Poste est de recourir à de nouveaux dispositifs pour attirer l'argent circulant hors circuit bancaire, en suggérant à la Banque d'Algérie de recourir aux transferts de fonds des agences postales disposant d'excédents de liquidités vers celles qui souffrent d'un manque de fonds. En revanche, pour la Banque d'Algérie, le problème réside ailleurs. En ce sens Algérie Poste est «responsable de fortes demandes de retraits, mais aussi par une quasi-absence de versements aux guichets de la Banque d'Algérie et une faible participation au système de télé-compensation des chèques et autres instruments de paiement». Cette institution a également imputé le manque de liquidités à la «circulation fiduciaire hors circuit bancaire». Enfin, ce phénomène qui est dû, selon les experts, au commerce informel, augmente les sorties des liquidités de la Banque d'Algérie et diminue les rentrées nécessaires pour répondre à la forte demande en liquidités.