Une centaine de gardes communaux de la wilaya d'Alger ont tenu hier un rassemblement devant le siège de la délégation à la place des Martyrs pour protester contre le non-versement de leurs indemnités salariales. «Nous sommes venus protester contre le non-versement de nos salaires du mois en cours», nous diront des éléments de la garde communale rencontrés sur place. Ils ne comprennent pas cette mesure de rétention sur salaire appliquée à tous les éléments alors que leurs collègues des autres wilayas ont été réglés. «Les gardes communaux des autres wilayas ont déjà touché leurs salaires. Ceux de Boumerdès ont protesté mardi pour la même raison. Des promesses leur ont été faites pour verser leurs indemnités mercredi», disent-ils encore. Terrassés par la chaleur et usés par les trajets effectués à partir de plusieurs régions pour atteindre le centre d'Alger durant ce mois de Ramadhan, les gardes communaux se sont installés à même le sol non loin du siège de leur délégation pour attendre le retour de leurs délégués, reçus aux environs de 11h30 par leur chef. «C'est le mois de Ramadhan, c'est anormal qu'ils nous laissent sans salaire alors que le mois de carême ne fait que commencer. C'est regrettable», disent les gardes communaux habitués à recevoir leurs salaires le 12 du mois. «Nous avons des familles à charge. Il est très difficile de faire face aux dépenses si une mesure de rétention sur salaire est appliquée.» Les gardes communaux regrettent que ce soit la participation à la marche de Blida vers Alger qui a été à l'origine de cette mesure. «Ce sont deux choses différentes. Nous avons le droit de protester et de réclamer nos droits. Cela ne doit pas avoir de répercussions de ce genre surtout que beaucoup ont regagné leur poste juste après la marche», précisent-ils. «Même si c'est le cas, ils pouvaient bien attendre après le Ramadhan pour la mise en application d'une telle restriction.» La discussion avec les gardes communaux tourne vite à l'évocation des souvenirs douloureux. «A Magtâa Kheira où j'habite, la population avait déserté le village. Il a fallu que les gardes communaux s'installent et rétablissent la paix pour que les gens reviennent vers leurs maisons délaissées après le passage des terroristes», racontent-ils. «C'est nous qui évacuons les malades dans la nuit en raison du couvre-feu de mise pendant des années et, maintenant, on me coupe les vivres. C'est inhumain», regrettent-ils. «J'ai rejoins le corps de la garde communale le lendemain de ma sortie du Service national car les terroristes étaient à ma recherche. Je n'avais que 20 ans. Ce que nous avons vu et vécu durant ces années ne mérite pas qu'on soit récompensés de la sorte», dira un autre. «Je suis chef de détachement depuis 17 ans. Si j'étais dans un autre corps, j'aurais eu un grade supérieur et une bonne prime mais en tant que garde communal je n'ai eu même pas droit à la retraite», dira un autre. Au bout de deux heures de négociations avec le chef, les délégués sont sortis déçus. «Nous n'aurons pas de salaire ce mois-ci. Le chef délégué nous a expliqué que la paie est passée au Trésor et qu'il est trop tard pour apporter une modification», lance le délégué des gardes communaux aux protestataires. «Il dit qu'il peut aider ces éléments à travers le versement de la prime de rendement qui se fera dans les prochains jours», a-t-il ajouté. La réponse n'a pas été du goût des protestataires qui disent que cette prime ne dépasse pas les 3000 dinars. Ils ripostent en affirmant qu'en dépit de la protestation, les éléments ont touché leurs salaires dans les autres wilayas. «Il dit qu'Alger est un cas particulier et qu'il ne fait qu'appliquer la loi de la Fonction publique.» La capitale compte 2600 gardes communaux. Préparatifs d'une autre marche sur Alger Entre-temps, à Boufarik où les gardes communaux ont dressé un campement de fortune, les préparatifs pour une autre marche sur Alger se poursuivent. Hier, des éléments des wilayas de Souk- Ahras, Annaba, Jijel, Skikda et Relizane avaient rejoint le campement installé depuis jeudi dernier. Le travail parallèle consistant en l'organisation d'actions dans plusieurs wilayas est également en cours. «Après Boumerdès, Alger, un rassemblement aura lieu aujourd'hui à Bouira pour dénoncer les représailles de l'administration», affirme M. Lahlou, délégué de la Coordination nationale des gardes communaux. «Beaucoup d'éléments ont été suspendus et la rétention sur salaire est devenue monnaie courante», a-t-il ajouté. Il souligne le soutien des familles et des enfants des gardes communaux ayant rejoint le campement.