Le cri de détresse lancé en 2011 par les 23 000 agents relevant de ce corps paramilitaire n'a eu aucun écho auprès des autorités. Enclavés depuis deux jours à Blida, les délégués de la garde communale menacent d'occuper la rue en organisant des marches et autres actions de protestation. Les délégués des 48 wilayas ont décidé d'ailleurs d'organiser une marche sur Alger, demain, pour dénoncer «la marginalisation de ce corps de sécurité, utilisé comme chair à canon durant les années de braise et jeté dans l'oubli après la signature de la charte pour la réconciliation nationale». Selon M. Aliouet, délégué national, représentant de la wilaya de Bouira, les contacts entre les délégués ont abouti à un plan d'action à exécuter à partir d'aujourd'hui. Des sit-in et des marches sont prévus au niveau des chefs-lieux de wilaya. Les délégués redoutent la répression de ces actions de protestation, comme c'est le cas à Blida, où «des agents de la Sûreté nationale ont empêché un rassemblement des gardes communaux», selon M. Aliouet. Le cri de détresse lancé en 2011 par les 23 000 agents relevant de ce corps paramilitaire n'a eu aucun écho auprès des autorités «qui continuent à nous ignorer et à nous maintenir dans la précarité». Le salaire d'un garde communal ne dépasse pas les 14 000 DA et n'atteint donc même pas le SNMG. «Notre souffrance est accentuée par la non-reconnaissance des heures supplémentaires, la médiocrité de la prime de panier de 100 DA/mois et notre incapacité d'accéder aux soins.» Une plateforme de dix revendications La situation de misère vécue au quotidien par les effectifs de la garde communale, créée en 1994 pour appuyer les services de sécurité dans la lutte contre le terrorisme, est «complètement ignorée». Après la marche spectaculaire organisée en mars 2011, «aucune entité ne veut se saisir de notre dossier qui est ballotté entre les ministères de la Défense nationale et de l'Intérieur, sans aucune issue en vue», explique notre interlocuteur. Les gardes communaux brandissent une plateforme de revendications de dix points portant sur la revalorisation de ce corps de sécurité en tant que corps armé. Les délégués estiment que seule l'affiliation de la garde communale au ministère de la Défense nationale sera «la manière de réhabiliter les effectifs de la garde communale selon la mission dont ils sont chargés». «Nous sommes aujourd'hui considérés comme des agents de la Fonction publique, sans aucun égard aux risques liés au port d'arme. Il n'y a aucune prime ou indemnité pour ce risque», explique M. Aliouet. Les autorités sont également interpellées sur la revalorisation de la prime du «martyr du devoir national» qui ne dépasse pas, selon M. Aliouet, 7000 DA versées aux veuves des agents assassinés par la horde terroriste. «Il est inconcevable que cette prime soit gardée à ce montant, alors que les repentis ont eu plus de privilèges. Nous avons fait face à ces intégristes, au moment où plusieurs parties allaient se plier devant eux et, aujourd'hui, les familles des victimes et de ceux devenus invalides à vie sont poussées à la précarité», accuse le même délégué. Appel au président de la République Dans la plateforme de revendications, les agents réclament la revalorisation de la prime de fin de carrière évaluée aujourd'hui à 10 000 DA «alors que les travailleurs d'autres secteurs de la Fonction publique touchent, pour leur départ en retraite, des pactoles leur permettant de partir sereinement». Les représentants des gardes communaux exhortent enfin le président de la République à se saisir du dossier pour «mettre fin au cauchemar de cette catégorie d'agents».