Le scandale du couffin du Ramadhan continue de faire des vagues à Oran et tout laisse croire que des comptes seront exigés de ceux qui ont été chargés de piloter cette opération financée par l'Etat. L'APW avait adopté en avril dernier un montant de 40 millions de DA pour le financement de l'opération. Les communes ont été également instruites pour réserver un chapitre destiné à couvrir les achats de denrées alimentaires censées garnir les packs prévus pour être distribués aux nécessiteux. Les services sociaux des communes ont été chargés de l'assainissement des listes des nécessiteux et tout devait être mené au mieux pour faire parvenir les aides de l'Etat à ceux qui en ont le plus besoin. Cela est en théorie, mais en pratique, l'opération de distribution a été entachée de plusieurs irrégularités. Au niveau du secteur urbain El-Mokrani (ex-Choupot), les citoyens ont dénoncé des passe-droits et surtout le détournement, par des agents de l'administration communale, d'un grand nombre de couffins. Au bout de quelques heures, ce fut la foire d'empoigne et l'opération a été suspendue car il y avait risque d'émeute. L'enquête ouverte par les services de sécurité a permis de conclure au détournement de plusieurs couffins. Les investigations ont permis de suspendre 12 agents de l'administration communale chargés de l'opération et le directeur du secteur urbain qui aurait failli à sa mission. «C'est là une première mesure conservatoire en attendant les suites de l'enquête», affirme une source proche du dossier de cette affaire. L'autre affaire qui secoue l'administration locale dans la wilaya d'Oran a trait à la qualité des produits constituant les packs alimentaires distribués au titre de l'opération couffin du Ramadhan. Ainsi plusieurs citoyens nous ont présenté des échantillons de couscous charançonné distribué dans certaines communes de la wilaya. Ils nous ont également montré des échantillons de café, d'épices et même de boites de tomate concentrée arrivées à péremption et distribuée dans les couffins. Un responsable du service social d'une commune d'Oran affirme que ces denrées alimentaires ont fait l'objet d'un achat groupé réalisé par la wilaya. «S'il y a défaillance, il faut voir à ce niveau. J'ai bien constaté l'état de moisissure du couscous et les charançons qui y pullulaient. Je tiens à vous dire que nous n'avons fait que des achats limités. Les achats groupés ont été réalisés par la wilaya et s'il y a défaillance, il faut voir à ce niveau», note notre interlocuteur. Et en attendant que la lumière soit faite sur ces affaires qui ont entaché l'opération de distribution du couffin de Ramadhan à Oran, le mouvement associatif, sans tambour ni trompette, est en train de toucher une large frange de démunis dans la capitale de l'Ouest. Des initiatives sont menées par des bénévoles loin des feux des projecteurs, et c'est déjà là un sentiment de satisfaction pour un grand nombre de nécessiteux qui soutiennent qu'ils ont reçu à domicile des aides, ce qui leur a permis d'éviter le regard des autres et surtout de préserver leur dignité.