N'ayant pas pu accéder à un emploi, les jeunes, souvent sans niveau scolaire requis, versent dans le marché informel. Pour ces jeunes, ce n'est plus de l'argent de poche dont il est question, mais d'un revenu qui leur permet de subvenir d'abord à leurs besoins, mais aussi à ceux de leurs familles. Ainsi, la vente informelle occupe de plus en plus les trottoirs des villes et Alger ne fait pas exception. Un simple tour dans les quartiers populaires d'Alger montre à quel point le phénomène du «trabendo» a pris de l'ampleur. En début de matinée, non loin des arrêts de bus à Chevalley, presque tous les trottoirs sont devenus des étals à ciel ouvert. Plus bas, la cité Wilaya (cité CNEP), longtemps épargnée par le commerce anarchique, se retrouve désormais investie par une succession de vendeurs d'articles maison, allant de la vaisselle, draps et taies d'oreiller en passant par les jouets et les vêtements. Ces jeunes étalent leurs marchandises à même le sol, les trottoirs, même devant les mosquées, et occupent la voie publique sans gêne ni autorisation. Des deux côtés de la chaussée, ces vendeurs à la sauvette ont pris possession des lieux. À Bouzareah, Chevalley, El Biar, et bien d'autres quartiers de la capitale, les commerçants de l'informel perturbent la circulation routière et causent des désagréments aux riverains. Ces derniers affirment avoir posé aux autorités locales le problème des marchands installés anarchiquement dans leur quartier. Par peur d'une révolte générale des jeunes à cause du chômage, les autorités à Alger et dans les grandes villes du pays ont laissé ces jeunes vendeurs s'accaparer les trottoirs sous l'œil «impuissant» des policiers. Depuis les émeutes de janvier 2011, et dans le contexte des révolutions arabes, les commerces illégaux ont investi les places publiques, les trottoirs et parfois la voie publique où sont vendus des fruits et légumes, des vêtements, de la quincaillerie et autres produits. À défaut de véritables réformes économique en faveur des jeunes au chômage depuis plusieurs années, et qui constituent plus de 75% de la population, le commerce informel est considéré à la fois comme un phénomène déstructurant de l'économie, mais aussi comme une soupape de sécurité pour de nombreux marginalisés du régime économique en vigueur.