Exacerbée par la décision du ministère de l'Intérieur d'invalider le dernier congrès tenu sans autorisation à Tipasa (21-22 juin), la crise dans les rangs du Front national algérien (FNA) prend de l'ampleur à la veille des élections locales que prépare Touati, alors que ses opposants réclament un congrès extraordinaire. C'est le Conseil d'Etat qui doit trancher sur la validité du congrès selon Touati qui accuse certains cercles du pouvoir de vouloir «liquider le FNA». «J'ai préparé un dossier qui sera déposé prochainement au niveau du Conseil d'Etat» qui sera saisi sur la question de la légitimité ou non de ce congrès après le rejet de ses résultats par le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales, a annoncé M. Touati lors d'une conférence de presse animée jeudi au siège du parti à Alger. Le ministère de l'Intérieur avait en effet rejeté les résultats du 3e congrès du FNA «pour absence d'autorisation» et «non-respect des statuts du parti (art. 47)». Empêché par ses opposants de tenir le congrès à la salle Atlas de Bab El Oued, l'accès étant bloqué, M. Touati a dû se «réfugier» à l'hôtel Matares de Tipasa et tenir son congrès en nocturne et sans autorisation dans le jardin de l'hôtel pour ensuite être réélu à la tête du parti «à l'unanimité», nous avait-il alors déclaré, estimant que l'autorisation de la wilaya d'Alger était «suffisante». Les justifications avancées dans la correspondance du ministère de l'Intérieur qui rejette les conclusions du congrès «est dépourvue de plusieurs points essentiels dans les correspondances officielles» outre «sa parution 6 jours après les délais légaux et le fait qu'elle ne comportait même pas de date», a estimé M. Touati, qui compte sur l'instance de règlement des conflits (le Conseil d'Etat) pour le rétablir dans ses droits. Pour les opposants, la décision de l'Intérieur ne fait que les conforter dans leur démarche de «réappropriation du parti». Ils s'interrogeront toutefois sur le silence du ministère quant à leur demande de la tenue d'un congrès extraordinaire. Le congrès «ne répondait pas à de nombreux critères fondamentaux, ce qui confirme son illégitimité», a déclaré à l'APS, Lamine Osmani, membre du bureau national et représentant des contestataires, affirmant avoir déposé le 17 juillet dernier une demande pour la tenue d'un congrès extraordinaire du parti sur la base de l'article 43 du statut qui exige la signature des deux tiers des membres du conseil national, précisant «n'avoir reçu aucune réponse à ce jour». «175 signatures sur 207 ont été recueillies jusque-là pour la tenue d'un congrès extraordinaire», a-t-il ajouté, ce qui répond, selon lui, au quorum légal, précisant que 9 membres sur les 11 que compte le bureau national ont signé le communiqué qui appelle à la tenue de ce congrès. M. Touati veut inscrire cette crise dans le registre des «insatisfaits» des dernières législatives qui ont, selon lui, échoué dans leur mission. Le différend qui l'oppose à ses détracteurs réside, selon lui, dans «la note émise par le parti qui interdit aux têtes de liste lors des dernières législatives qui n'ont pas réalisé de bons scores de se présenter aux prochaines élections locales», rejetant catégoriquement les accusations de ses opposants sur «l'utilisation des fonds de la campagne des dernières législatives à des fins personnelles». Il accuse toutefois certains cercles du pouvoir de «vouloir liquider le FNA», justifiant ses propos par la décision d'invalidation du congrès par l'Intérieur. Voulant tourner la page et réinscrire résolument le parti dans la perspective des locales du 29 novembre où il compte «reconquérir le terrain perdu», M. Touati annonce une conférence nationale du parti en septembre au cours de laquelle les cadres qui le soutiennent encore sont appelés à préparer sereinement l'échéance électorale pour laquelle «le parti prépare déjà ses listes électorales sur la base de fidélité aux principes du FNA» mais aussi plancher sur «les nouveaux statuts du parti». Rien n'est encore gagné pour M. Touati qui se bat actuellement sur deux fronts.