Le recours à la fermeture des sièges administratifs par les citoyens est la seule manière de se faire entendre. Encore une fois, les villageois de Bouzeguène et de Ighil Tizi, localité sise à 65 km au sud-est de Tizi Ouzou, protestent contre le manque d'eau potable depuis plus d'un mois. Plus d'une centaine de villageois, scindés en quatre groupes ont, tôt dans la matinée d'hier, fermé d'abord le siège de la daïra, de la mairie, de l'agence locale de Sonelgaz et celui de l'Algérienne des Eaux (ADE). Les protestataires, qui ne veulent rien entendre, ont interdit au personnel administratif l'accès de ces lieux en cadenassant les portes d'entrée des édifices cités. Cette action de protestation sera maintenue pour une durée indéterminée, selon les villageois. «Pourquoi l'eau n'est-elle pas disponible ? Les fontaines, les puits et les sources naturelles se tarissent et nous ne savons pas quoi faire pour nous approvisionner en eau potable. Nous vivons des moments très difficiles», nous dira un habitant de Bouzeguène. L'autre problème soulevé est le raccordement des villages au réseau de gaz de ville, un projet qui tarde à voir le jour en dépit des assurances du wali. Les habitants de Bouzeguène ne sont pas près d'oublier l'enfer qu'ils ont vécu lors de la dernière tempête de neige de février dernier, où des villageois ont failli laisser leur vie à cause du manque de gaz butane. «Le premier magistrat de la wilaya avait donné instruction pour l'alimentation en gaz de ville des localités de haute Kabylie à cause de la rudesse de l'hiver, mais force est de constater que les responsables de Sonelgaz font l'inverse», fait remarquer notre interlocuteur. D'autres revendications secondaires figurent aussi sur la longue liste des manques dont souffrent les habitants de la commune montagneuse de Bouzeguène. Les citoyens réclament le bitumage des chemins communaux qui desservent les bourgades et les hameaux de la localité, impraticables, alors que l'hiver approche à grands pas. A Draâ Ben Khedda et Tadmaït, le mécontentement qui monte touche aussi les localités de l'ouest de la wilaya, épargnées jusque-là par les mouvements de protestation. Mais la pénurie d'eau potable n'épargne aucune localité. Hier matin, c'était au tour des habitants du village Ihidousene de Draâ Ben Khedda, à 10 km à l'ouest de Tizi Ouzou, de monter au créneau. En guise de protestation à cause du manque récurrent d'eau dans cette ville, les citoyens ont décidé de fermer le siège de la mairie. Ils réclament le règlement de ce problème qui dure depuis plusieurs jours. Même son de cloche du côté de la commune de Tadmaït, à 20 km à l'ouest de Tizi Ouzou. Une centaine de citoyens ont bloqué tout accès à la mairie. Ils dénoncent cette pénurie d'eau inédite qui s'achemine vers une vraie crise.