uatorze personnes ont été tuées et deux autres blessés dans un grave accident de la circulation, survenu avant-hier dans la matinée au sud de Reggane, dans la wilaya d'Adrar, selon l'APS, qui a repris les services de la Gendarmerie nationale. Toujours selon la même source, «les victimes se trouvaient toutes à bord de véhicules tous-terrains sur la RN 6, reliant la ville de Reggane à celle de Bordj Badji Mokhtar. Au soir de cette terrible tragédie, c'est-à-dire une dizaine d'heures plus tard, le journal télévisé de la télévision publique n'avait rien d'autre à dire et à montrer en dehors d'une image statique sur deux véhicules et la lecture «décontractée» de la même dépêche de l'APS qu'on a cru professionnellement pertinent de refaire lire au commandant de la gendarmerie locale... au téléphone ! L'officier a quand même précisé que la collusion a eu lieu en dehors du circuit routier tracé dans le bitume et que la cause de l'accident, pour changer, aurait été vraisemblablement due à un excès de vitesse de l'un des deux conducteurs ! Ils font toujours de la peine, les pauvres officiers des services de sécurité, des Douane ou de la Protection civile auxquels on fait lire laborieusement des communiqués dont la froideur tranche horriblement avec la gravité de la situation. Mais le glacial laconisme des communiqués ne fait que compléter l'abominable décor dont la banalisation n'est pas la moindre des horreurs. Quatorze morts et deux blessés dont le pronostic vital semble engagé, pour reprendre la formule consacrée, et ça ne semble pas choquer outre mesure. C'est d'autant plus préoccupant que l'accident s'est produit sur une route dont le moins qu'on puisse dire est qu'elle n'est pas si dangereuse que ça, ne serait-ce qu'en raison de l'ampleur de son espace et de la fluidité de son trafic. Et la banalité donne toujours la mesure des drames, surtout quand ils sont quotidiens. La banalité est également et surtout l'indicateur le plus évident quant à la volonté de réduire ces drames et aux moyens mobilisés pour y parvenir. Or, il se trouve qu'en la matière, l'autorité publique semble incapable de trouver une politique sérieuse, en dehors de quelques «opérations», généralement conjoncturelles et souvent velléitaires. Les routes algériennes tuent toujours plus et les tergiversations, la «souplesse» observées dans l'application des mesures qui ont donné les meilleurs résultats sont symptomatiques de ce manque de volonté, comme du rachitisme des moyens déployés. Pour imposer la ceinture de sécurité, il a fallu «frapper à la poche» et ça a plutôt bien marché pour des automobilistes qui, dans un passé très lointain, avaient «oublié» à quoi elle servait. Le problème est que le niveau de répression – et de vigilance – concernant l'infraction est loin d'être le même partout dans le pays. Il arrive fréquemment qu'un automobiliste d'Alger ou d'une autre grande ville, arrivé dans son petit patelin, soit regardé comme un extraterrestre quand on le voit avec sa ceinture attachée ! Il en est de même pour l'alcool au volant. Si la dissuasion a donné de probants résultats, particulièrement dans la capitale, il n'en est pas de même ailleurs où la complaisance continue. Et où en est-on avec la limitation de vitesse sur l'autoroute où les fous du volant sèment la terreur en roulant à tombeau ouvert ? A quoi servent les radars en raison de leur fonction d'effaroucheurs épouvantails ? Et les motards sans casque, sans papier qui se conduisent et conduisent comme dans une jungle ? On peut multiplier les questions à l'envi, mais 14 personnes viennent de rendre l'âme sur les sables de Reggane sans que cela n'inspire plus qu'un froid et laconique communiqué de la gendarmerie repris par l'APS. C'est peut-être suffisant comme réponse. laouarisliman@gmailcom