Les joueurs de handball, dont la star Nikola Karabatic, interpellés dimanche pour des soupçons de match truqué sur fond de paris sportifs, ont parié, ce qui est une entorse à leur déontologie, mais pas triché lors de la rencontre, selon leurs avocats. Nikola Karabatic et son frère Luka "ont parié" mais "n'ont pas laissé filer le match, n'ont pas triché", a déclaré sur RTL l'avocat des deux hommes, Me Eric Dupond-Moretti. Les frères Karabatic, ainsi que trois autres joueurs majeurs de Montpellier, Mladen Bojinovic, Vid Kavticnik et Samuel Honrubia, eux-aussi blessés, n'avaient pas pris part au match perdu le 12 mai par leur club, déjà assuré du titre de champion de France, à Cesson-Sévigné, sur lequel avait été enregistré un montant anormal de paris. Nikola Karabatic et 16 autres personnes ont été interpellés dimanche par la police. "La police a cru bon d'organiser cette garde à vue qui n'était pas utile", a déclaré Me Dupond-Moretti, qui a demandé aux deux frères de "garder le silence" et de s'expliquer devant le juge d'instruction. "Ils ont parié, c'est une infraction sportive, pas une infraction pénale (...) pour que la justice puisse intervenir dans cette affaire, on a besoin d'un match truqué, faute de quoi, sur le plan pénal, il n'y a rien", a-t-il poursuivi. "Le match truqué, ça se démontre, c'est le procureur qui doit le démontrer, ces hommes démentent de la façon la plus farouche avoir truqué ce match, ce ne sont pas des tricheurs, le match n'a pas été truqué", a ajouté l'avocat. La police entend questionner Luka et Nikola Karabatic, le Slovène Vid Kavticnik, et deux joueurs portant désormais les couleurs du Paris-SG mais qui jouaient jusqu'à la saison passée à Montpellier. Il ne peut s'agir que du champion olympique Samuel Honrubia et de l'international serbe Mladen Bojinovic. Les personnes interpellées sont entendues dans le cadre d'une commission rogatoire d'un juge d'instruction de Montpellier pour corruption active et passive, escroquerie et recel d'escroquerie aux dépens de la Française des Jeux (FDJ) suite au montant anormalement élevé de paris passés à l'occasion du match du Championnat de France du 12 mai. En cas de simple délit sportif, les joueurs risqueraient six matches de suspension et 15.000 euros d'amende. Le président de Montpellier, Rémy Lévy, a lui menacé de sanctions pouvant aller jusqu'au licenciement. En revanche, en cas de match truqué, le délit pénal de "fraude et corruption sportive" est passible de cinq ans de prison et 75.000 euros d'amende. Les gardes à vue pourraient "être prolongées", a affirmé Me Franck Nicolleau, avocat de deux autres joueurs, Dragan Gajic et Primoz Prost. A l'issue de leur audition dans les locaux du service central des courses et jeux, dans une annexe du ministère de l'Intérieur, à Nanterre, les personnes interpellées pourront être relâchées sans poursuite ou éventuellement présentées à un juge pour une possible mise en examen. Me Jean-Yves Lienard, qui défend Michaël Robin, un des joueurs interpellés, a précisé que les personnes interpellées à Paris vont être transférées "mardi à Montpellier", à l'exception de la compagne d'un joueur qui, auditionnée dimanche, devrait être transférée "lundi en fin de journée". Les joueurs ont été interpellés dimanche peu après la fin du match entre le PSG et Montpellier qui devait être le choc du Championnat de France, mais dont le résultat (38-24) a été relégué au second plan, tant l'affaire des paris a choqué le monde du handball et l'opinion publique. Les policiers avaient embarqué dans leurs véhicules Nikola Karabatic, double champion olympique et double champion du monde, et quatre autres membres de son équipe, le Tunisien Wissem Hmam, le gardien français Michaël Robin, et les Slovènes Dragan Gajic et Primoz Prost, ainsi que leur kinésithérapeute Yann Montiège. Les autres interpellés sont des personnes de l'entourage des joueurs, dont deux compagnes, ainsi que des personnes en charge de la distribution des produits de la FDJ. Le procureur de la République de Montpellier doit tenir une conférence de presse lundi en milieu d'après-midi. Les paris litigieux portaient sur le résultat à la mi-temps du match Cesson-Sévigné-Montpellier, pour lequel ont été engagés des paris anormaux dans le temps, sur le montant et sur le type de paris. Quelque 80.000 euros de paris ont été pris en quelques heures sur le résultat à la pause de la rencontre. Les gains des parieurs sont estimés à près de 200.000 euros. D'ordinaire, pour un match de handball tous paris confondus, un maximum de 5.000 euros sont misés, dont 80% sur la victoire et les 20% restants sur l'équipe en tête à la mi-temps et sur le score définitif. L'entraîneur et le président du club, déjà entendus dans cette enquête, ont refusé de s'exprimer dimanche, mais tiendront une conférence de presse lundi à Montpellier. Le club doit rejouer en Championnat de France mercredi à Toulouse.