La Sonatrach a enfin bougé. Depuis le temps, presque deux mois, qu'elle avait fait part de son intention de racheter la SSPA-MCA, on ne voyait rien venir de son côté. En fin de semaine dernière elle s'est manifestée et on a appris par voie d'un de ses communiqués qu'elle venait de signer un protocole d'accord avec celui qui prétend être le président du Conseil d'administration de la SSPA en question. Il y a lieu de se demander si la démarche est légale puisqu'on croit savoir que tous les membres du Conseil d'administration n'ont pas déboursé un centime de leur poche pour acheter des actions. L'argent qui a servi à créer le capital de la SSPA appartient au club sportif amateur (CSA) et par un extraordinaire tour de passe-passe on s'est retrouvé avec cette somme divisée en dix parts égales, chacune d'elle supposée appartenir à un des membres du Conseil d'administration dont la personne qui a signé le protocole d'accord avec la Sonatrach. Une source proche de la direction de cette entreprise nous a fait savoir que si l'actuel CSA était en mesure de prouver que c'est bien lui qui a déposé le million de dinars pour créer le capital de la SSPA, elle serait prête à revoir sa copie pour engager des pourparlers avec ce CSA. Du reste on s'est lourdement trompé à propos du communiqué de Sonatrach. Affirmer que cette dernière a racheté 100% des actions de la SSPA est contraire aux écrits du communiqué. Ce texte dit bien que le protocole a été signé pour «préparer les conditions requises pour l'achat du club professionnel». On comprend par là que l'entreprise pétrolière est loin d'avoir acquis la SSPA et qu'elle ne fait que se préparer à l'acheter. En outre, affirmer que Sonatrach va acheter les actions de la SSPA à hauteur de 100% est une lamentable erreur. L'entreprise pourra mettre tout l'argent qu'elle voudra dans cette affaire, elle ne pourra jamais siéger seule au Conseil d'administration. Effectivement elle devra laisser quelques actions à une autre partie qui n'est autre que le CSA (club sportif amateur). Ce n'est pas nous qui le disons mais le décret exécutif 08-264 du 8 août 2006 relatif à la constitution de sociétés commerciales sportives, lequel décret, dans le chapitre consacré au statut-type de la société sportive par actions, indique en son article 1 «qu'il est constitué entre les titulaires d'actions dont le club sportif (...........................) ci-après et celles qui pourront l'être ultérieurement, une société sportive par actions….» Ce texte est clair comme l'eau de roche : le club sportif amateur est bien membre du Conseil d'administration et il détient des actions. Il peut y participer, précise ensuite le décret, par apport en numéraires (argent) et/ou en biens matériels (le CSA est propriétaire de la villa de Chéraga et peut, s'il le désire, la mettre dans le capital de la nouvelle SSPA. La chose regrettable est que le communiqué de Sonatrach fait référence à un certain nombre de dispositions, parle de 100% d'actions alors que le décret dont nous avons parlé existe bien et qu'il faudra bien agir en conformité avec ce qu'il précise. Encore plus déplorable, pour ne pas dire lamentable, la Ligue du football professionnel n'y a vu que du feu. Elle qui est censée suivre la mise en place du professionnalisme, en parallèle avec le FAF, s'est empressée de reproduire le communiqué de Sonatrach sans chercher à se documenter pour voir s'il n'y pas une faille dans la démarche. C'est bien dans la nature de la LFP actuelle. C'est bien, c'est même très bien que Sonatrach s'investisse dans le football professionnel. Cela ne saurait cependant se faire sans respect des textes en vigueur. Par conséquent, la société pétrolière va devoir composer avec le CSA, et le CSA reconnu par l'administration algérienne. C'est le club qui y gagnera mais également tout le football algérien.