Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) vient de designer Yahia Abou Hammam, chef de katibate (phalange) El Forkane, «émir» de la région du Sahara. L'organisation terroriste a désigné, également, Abdelhamid Abou Zeid comme son adjoint. Ces désignations interviennent au lendemain de la mort de Nabil Makhloufi, alias Abou El Kama, «émir» adjoint de la zone du Sahara. Ce dernier est, rappelle-t-on, décédé il y a quelques semaines, dans un «accident de voiture» dans le désert, à 140 kilomètres de Gao, ville du nord du Mali. Un site proche d'Aqmi et du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) annonce que Abou El Kama était devenu le vrai «émir» du Sahara avec l'impossibilité pour Moussa Abou Daoud d'arriver dans cette région. Ce qui confirme le resserrement de l'étau autour d'Aqmi et du Mujao les empêchant de circuler librement du ou vers le nord du Mali, comme en témoignent les récentes opérations militaires aux frontières de plusieurs pays du Sahel dans lesquelles plusieurs terroristes ont été éliminés et d'autres arrêtés, avec armes et bagages. Abou El Kama était, en effet, l'adjoint de Moussa Abou Daoud qui n'a pas pu arriver à la région du Sahara dont il était l'«émir» pour Aqmi. La désignation de Abdelhamid Abou Zeid «émir» de katibate Tarek Ibn Ziad, «spécialisée» dans les rapts de ressortissants étrangers suivis de demandes de rançons, est un coup dur pour Mokhtar Belmokhtar, alias Khaled Abou El Abbès, en désaccord avec Abdelhamid Abou Zeid, désigné adjoint du nouveau «émir» de la zone du Sahara, pour Aqmi, Yahia Abou El Hammam. C'est, d'ailleurs, pour tenter de «réconcilier» des «émirs» d'Aqmi que Abdelmalek Droukdel, alias Abou Mossaaâb Abdelouadoud, actuel «émir» national de cette organisation terroriste, avait chargé Abderrahmane Abou Ishak Essoufi de se déplacer au nord du Mali, avant qu'il ne soit arrêté, en compagnie de quelques-uns de ses acolytes, en août de l'année en cours, par les forces spéciales de l'Armée nationale populaire (ANP) à Berriane, dans la wilaya de Ghardaïa. L'opération réussie par l'ANP est telle que le Mujao s'était porté au secours d'Aqmi en revendiquant la libération de Abderrahmane Abou Ishak Essoufi, faute de quoi l'organisation terroriste menace d'exécuter les diplomates algériens enlevés à Gao. C'est ainsi que le Mujao avait annoncé l'exécution du diplomate Tahat Touati. Une annonce d'exécution non accompagnée de preuve concrète. Ce qui donne espoir que le diplomate algérien est toujours en vie. Peu de temps après l'arrestation de l'émissaire de Droukdel, Aqmi annonce le décès, dans «un accident de voiture» de Abou El Kama. Des spécialistes des questions de sécurité mettent cette version en doute, privilégiant la thèse d'«élimination physique» du chef terroriste. La «réconciliation» entre «émirs» d'Aqmi, dont Mokhtar Belmokhtar, alias Khaled Abou El Abbès, ex-«émir» de la zone 5 du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC, devenu Aqmi) et Abdelhamid Abou Zeid, étant mise en échec avec l'arrestation de Abderrahmane Abou Ishak Essoufi.