A l'image d'Al Qaïda, qui a perdu ses principaux chefs depuis, avant et après la neutralisation d'Oussama Ben Laden, tué par le tir d'un drone américain au Pakistan, Aqmi et Mujao subissent revers après revers. D'autres chefs terroristes, sévissant au Sahel, ne manqueront pas de connaître le même sort. Parmi les plus menacés, Ahmed Telemsi et Abou Abderrahmane Farouk, de dangereux individus sévissant dans cette partie du continent africain. L'élimination du Saoudien Oussama Ben Laden et du Libyen Mohamed Hassan Qaid, alias Abou Yahia El Libi, théologien d'Al Qaïda, n'est pas le seul coup dur pour l'organisation terroriste. Ont été mis également hors d'état de nuire Abou Chanab, Abou Issehak Essoufi, Abou Hakim et Abou Al Qama. L'arrestation, le 15 août, par les forces spéciales de l'Armée nationale populaire d'Abou Issehak Essoufi à Berriane, dans la wilaya de Ghardaïa, a précipité la mise hors d'état de nuire de principaux «émirs» d'Aqmi et du Mujao. Abou Issehak Essoufi a été dépêché, rappelle-t-on, par Abdelmalek Droukdel, alias Abou Mossaâb Abdelouadoud, «émir» national d''Aqmi, au nord du Mali, pour réconcilier plusieurs autres «émirs» qui, à l'image du différend existant entre Mokhtar Belmokhtar, alias Khaled Abou El Abbès, et Abdelhamid Abou Zeid, se livrent une guerre sans merci au nord du Mali et au Sahel. L'arrestation de l'émissaire de Droukdel pour le Sahel a empêché la «réconciliation» entre ces «émirs» qui, depuis, sont montés d'un cran dans la guerre qu'ils se livrent l'un à l'autre. Ces données jettent un doute sur les causes réelles de la mort annoncée, il y a quelques semaines, de Nabil Mekhloufi, alias Abou Al Qama, numéro deux d'Aqmi, à 200 km de Gao, ville du nord du Mali. Ses acolytes ont annoncé que son décès était dû à «un accident de la route» survenu en plein désert nord malien. Il semble, aujourd'hui, de plus en plus vraisemblable que Abou Al Qama eut été éliminé physiquement et que sa mort ne soit pas due à «l'accident de voiture» évoqué. Aurait-il été éliminé par ses acolytes ? L'hypothèse de «l'accident de voiture» ne tient pas la route L'arrestation d'Abou Issehak Essoufi porte un coup dur à Aqmi puisqu'elle met en échec la «réconciliation» entre «émirs» terroristes laissant la guerre ouverte entre eux. Ce que les terroristes, sévissant au nord du Mali et au Sahel, n'ignorent pas puisque le Mujao, qui détient des diplomates algériens en otages, est venu au secours d'Aqmi, menaçant l'Algérie de les exécuter si elle ne libérait pas celui qui était chargé de «réconcilier» les «émirs». D'autres «émirs» sont menacés par des liquidations physiques, dont Ahmed Telemssi et Abou Abderrahmane Farouk. La mort d'Abou Al Qama est une autre grosse perte pour Aqmi et le Mujao puisqu'elle rend de plus en plus difficile la «réconciliation» entre les chefs terroristes. Le rôle de l'UFL Ces réalités affaiblissent davantage les organisations terroristes au nord du Mali. L'Unité de fusion et de liaison (UFL, services de renseignements des pays du Sahel) enregistre, quant à elle, des succès limitant davantage la liberté de mouvement des terroristes sur le terrain. La vigilance et la collecte de renseignements ont, pour ce qui est des actions plus ou moins récentes, permis l'élimination de quatre dangereux terroristes au Niger, le 6 août dernier, qui tentaient d'infiltrer le territoire nigérien dans le but de constituer des réseaux de soutien et de procéder à un enlèvement à Niamey. L'échange efficace de renseignements entre les services membres de l'UFL a mis ce plan en échec. Par ailleurs, l'adhésion du Nigeria au mécanisme régional de lutte contre le terrorisme a anticipé les ambitions terroristes de Boko Haram, autre organisation terroriste possédant des liens avérés avec Aqmi. En un temps court, trois porte-parole de Boko Haram ont été éliminés, alors qu'un quatrième a été capturé.