A vingt jours de l'Aïd Al Adha, le prix du mouton a déjà connu une hausse considérable. Selon l'Organisation nationale des commerçants et artisans algériens (ONCA), créée récemment, la hausse est estimée à 15% par rapport aux prix affichés en cette même période de l'année écoulée. Dans un point de presse organisé hier à Alger, Rafa Benzid, vice-président de l'organisation, a justifié cette hausse par la forte demande sur le marché local, face à une faible offre. «La demande du marché algérien est de 50 millions de tête de bétail, alors que le nombre de cheptel en Algérie est de 20 à 22 millions uniquement», a déclaré l'intervenant qui prévoit le sacrifice de 3 à 4 millions de moutons pour cet Aïd. Rien que pour la capitale, «200 000 moutons seront égorgés», ajoute-t-il, regrettant que la capitale soit enlaidie en ces occasions par la transformation des locaux commerciaux et garages en des espaces de vente de moutons, en dépit de la campagne de nettoyage lancée par les autorités. Dans la capitale, le mouton est proposée à partir de 30 000 DA et pas moins. En somme, une hausse de 5000 DA par rapport à l'année dernière. Selon des professionnels du secteur, «ce sont les maquignons qui en profitent chaque année. Ils achètent le cheptel des éleveurs des régions steppiques à des prix raisonnables, afin de les revendre dans les grandes villes avec une marge bénéficiaire dépassant tout entendement». Ces intermédiaires sont donc à l'origine de la flambée des prix, affirment les intervenants à la conférence. Hadj Tahar Boulounouar, porte-parole de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), a évoqué, par ailleurs, les difficultés rencontrées par les éleveurs. Lesquelles difficultés encouragent l'abandon de la profession. Il s'agit, entre autres, de la cherté de l'aliment de bétail, particulièrement les produits importés comme le maïs et le soja, les agressions et les vols de bétail, ainsi que la spéculation et la désorganisation du marché. Il y a lieu de rappeler que le ministère de l'Agriculture avait affirmé que la production nationale «répondait largement» à la demande. Selon le département de Rachid Benaïssa, «la hausse des prix du mouton est liée à la spéculation exercée par les maquignons qui travaillent dans la clandestinité et à l'augmentation des cours des aliments de bétail sur le marché mondial». Selon les chiffres du ministère établis sur la base des animaux vaccinés, le cheptel ovin national est estimé à 22,5 millions de têtes dont 13,8 millions de brebis. Le nombre d'animaux sacrifiés pendant l'Aïd El Adha se situe entre 3 et 3,5 millions de têtes, selon les chiffres officiels qui ne comptent pas les bêtes sacrifiées par l'abattage clandestin. L'ONCA et l'UGCAA ont lancé, dans ce cadre, un appel à tous les bouchers afin de maintenir les tarifs habituels et éviter de profiter de la situation. M. Boulounouar craint, enfin, que le programme de permanence ne soit pas respecté par les commerçants, particulièrement les boulangers, durant les deux jours de l'Aïd.