A trois semaines de l'Aïd El-Kébir, la spéculation sur le mouton a déjà commencé. Pour faire monter les prix et engranger le maximum d'argent, des maquignons n'ont rien trouvé de mieux que de mettre sur le marché agnelles et brebis et garder les moutons pour l'Aïd. Ils créent ainsi un déséquilibre dans le cheptel reproducteur. L'abattage excessif d'agnelles à l'approche de l'Aïd El-Adha inquiète en effet, le ministère de l'Agriculture, qui a lancé, hier, mercredi, un appel aux professionnels de la filière et aux consommateurs afin de préserver le patrimoine animal national. «Outre le contrôle qui se fait par les services vétérinaires au niveau des abattoirs, nous relançons chaque année un appel aux éleveurs et aux maquignons pour éviter l'abattage des agnelles», a indiqué à l'APS Mme Yasmine Zerabib, chef de bureau hygiène alimentaire à la Direction des services vétérinaires du ministère de l'Agriculture. L'abattage de brebis est favorisé également par leur prix bas par rapport à celui du mouton. «Pour une gestion rationnelle du patrimoine animal national et sa préservation, les citoyens (consommateurs, commerçants, éleveurs) sont appelés à arrêter l'abattage des brebis reproductrices et des agnelles», indique-t-on au ministère de l'Agriculture. Sans donner de statistiques précises sur le nombre d'agnelles sacrifiées pendant ou en dehors de l'Aïd, elle a rappelé que l'abattage d'agnelles est interdit par un décret datant de 1991. En outre, le ministère rassure que la production nationale «répond largement» à la demande. Quant à la hausse des prix du mouton, constatée sur le marché, elle est attribuée à la «spéculation exercée par les maquignons qui travaillent dans la clandestinité et à l'augmentation des cours des aliments du bétail sur le marché mondial», d'après le ministère. Selon les chiffres du ministère établis sur la base des animaux vaccinés, le cheptel ovin national est estimé à 22,5 millions de têtes dont 13,8 millions de brebis. Le nombre d'animaux sacrifiés pendant l'Aïd El-Adha se situe entre 3 et 3,5 millions de têtes, selon les chiffres officiels qui ne comptent pas les bêtes sacrifiées par l'abattage clandestin.