Le Sénat français a commencé l'examen d'une proposition de loi socialiste qui consacre le 19 mars 1962, jour du cessez-le-feu en Algérie, journée nationale du souvenir «des victimes civiles et militaires de la Guerre d'Algérie». Le Sénat a débattu jeudi matin pendant deux heures puis a levé la séance. Le vote a été reporté au 20 novembre prochain. Le sénateur Alain Néri (PS, Puy-de-Dôme) a défendu le 19 mars, vu la nécessité de «rendre hommage aux deux millions d'appelés du contingent mobilisés pendant la guerre». A contrario, les sénateurs UMP, pour leur part, regrettent le choix de cette date-anniversaire et indiquent qu'elle raye de l'histoire les milliers d'Européens tués et rapatriés ainsi que le sort des harkis. Pour sa part, Kader Arif, le ministre délégué aux Anciens combattants, s'en est remis à la «sagesse» de la Haute Assemblée. La gauche ne dispose que d'une majorité de six voix au Sénat, et il n'est pas certain que tous les divers députés de gauche approuvent la proposition de cette loi. Les anciens combattants, quant à eux, sont divisés. L'Union nationale des combattants (UNC), qui se dit apolitique, rejointe par trente associations plus modestes, voit dans la date du 19 mars «un risque grave de division de la communauté nationale». En revanche, la Fédération nationale des anciens combattants d'Algérie (FNACA), plutôt à gauche et qui compterait 350 000 membres, défend le 19 mars. Si la proposition de loi est votée le 20 novembre, elle sera définitivement adoptée. Ce texte avait déjà été approuvé par l'Assemblée il y a plus de dix ans, alors que Lionel Jospin était Premier ministre. Il avait ensuite été transmis au Sénat, mais jamais débattu depuis.