Les étudiants en mastère de l'Université des sciences et des technologies Houari Boumediene (USTHB) sont en grève illimitée depuis quatre jours. Le mouvement entamé depuis deux semaines est soutenu par trois associations estudiantines, dont l'Union nationale de la jeunesse algérienne (UNJA), la Solidarité nationale estudiantine (SNE) et l'Union nationale des étudiants algériens (UNEA). Les grévistes ont déposé une plateforme de revendications au conseiller du recteur, M. Boudela, le 18 octobre dernier. Ce mouvement radical suscitant l'adhésion de nombreux étudiants, a poussé le recteur de l'USTHB a gelé hier les activités des associations estudiantines citées plus haut, car celles-ci «soutiennent une grève illégale». Selon Nessakh, un des délégués du mouvement, rencontré sur les lieux, chaque filière exprime des revendications particulières, mais la plateforme se concentre sur certains points communs, à savoir la réintégration des étudiants qui n'ont pas eu leur année, et ce, conformément à la loi LMD qui permet le redoublement de la première année à trois reprises. «Cette année, les demandes de réintégration n'ont pas été prises en compte et même ceux qui possèdent un certificat médical ne peuvent pas être réintégrés», affirme-t-il, ajoutant que le mouvement enregistre chaque jour l'adhésion d'un grand nombre d'étudiants concernés et ceux non concernés agissant par solidarité. «Les enseignants approuvent plus ou moins l'action des étudiants grévistes et ceux qui la réprouvent le font à cause des pressions du recteur qui les poussent à raisonner leurs étudiants», soutient notre interlocuteur. Les étudiants réclament également la «démission» du vice-recteur pédagogique, M. Saïdi, accusé de ne pas être «un bon ‘communicant'». «Depuis son arrivée en 2009, l'université ne fonctionne plus comme avant. De plus, toutes nos revendications n'ont jamais trouvé d'écho. Il nous renvoie toujours à nos doyens respectifs qui eux-mêmes nous renvoient à ce dernier. A titre d'exemple, pour le refus d'une inscription, il n'y a aucun motif invoqué alors que l'arrêté 711 dans son article 51 stipule qu'il doit être mentionné», précise le délégué des étudiants. Les grévistes dénoncent les pratiques du vice-recteur pédagogique, qui aurait, selon eux, tenté de «casser» la grève à plusieurs reprises en utilisant la «force». «Il nous envoie des agents de sécurité pour briser notre mouvement, mais nous tenons bon car nos revendications sont légitimes», lâche un étudiant offusqué. «Nous passons cinq années à l'USTHB sans connaître nos droits, ni le règlement intérieur ou celui qui régit les associations estudiantines», relève-t-il indigné. Le collectif des étudiants exige, par ailleurs, la libération des postes de graduation, et ce, en tenant compte des directives du ministère de l'Enseignement supérieur. Outrés par l'absence de réaction des responsables de l'université, les étudiants ont décidé de bloquer les salles de travaux dirigés (TD) car, selon eux, «les salles sont le cœur de l'université». Parallèlement à cette action de grève, le président de l'UNJA a rencontré hier matin un émissaire du ministre de l'Enseignement supérieur pour lui faire part des doléances des étudiants de l'UTSHB. Le collectif attend une réponse de la tutelle, tout en affirmant être prêt à radicaliser le mouvement en bloquant d'autres parties de l'université, si aucune de leur revendication n'est satisfaite. Hier, nous avons tenté de joindre le vice-recteur, M. Saïdi, afin d'avoir son point de vue sur ce mouvement, mais en vain, car il était absent au cours de la journée.