Les travailleurs de l'ETUSA qui entamaient hier leur deuxième journée de grève ont réussi à paralyser le parc de l'entreprise puisqu'un taux de suivi de 80% a été enregistré. Ils étaient en effet 2100 à signer le registre de présence sur les 2600 employés que compte l'ETUSA. En campant sur leur position, ils veulent lancer un appel fort au ministre du secteur, Amar Tou qui avait déclaré à la presse que «la direction générale de l'entreprise avait respecté les engagements contenus dans le protocole d'accord». «C'est faux», affirment les travailleurs qui estiment que «la tutelle a subi une campagne de désinformation de la part de leur direction, et qu'elle ne peut se prononcer sur le dossier en connaissance de cause». Ils interpellent le ministre pour une intervention directe afin de régler la crise. «Le ministre doit venir à notre rencontre pour nous écouter, prendre connaissance des vraies raisons de cette grève et améliorer nos conditions de travail», nous ont-ils dit. Concernant une déclaration du DG, Krim Yacine, expliquant que les travailleurs licenciés feront l'objet d'une commission de recours pour leur réintégration, un gréviste nous a indiqué ne pas croire les promesses de la direction et dénonce même ces commissions de recours qui sont selon lui des alibis pour licencier sans motif valable. «Des travailleurs ont déposé des recours suite à des licenciements abusifs mais n'ont jamais été convoqués. Certaines demandes datent de 2 ou 3 ans. Je ne vois pas pourquoi aujourd'hui je devrais avoir confiance», a-t-il ajouté. Par ailleurs, les contestataires ne veulent pas que les éléments licenciés passent devant ces commissions mais qu'ils soient réintégrés d'office et avec des indemnités pour les journées où ils n'ont pas eu accès à l'entreprise. Pour illustrer cette politique de licenciement abusif, un chauffeur de bus nous a affirmé qu'il a été licencié pour avoir fait des déclarations à une télévision privée et pour avoir participé au mouvement de grève du mois d'octobre dernier. Les travailleurs avaient également dénoncé des cas de licenciement après la signature du protocole d'accord. Pour la DG, ces derniers ont dû faire des erreurs et n'ont pas subi une procédure de licenciement mais de suspension. «Le règlement interne de l'entreprise bafoue la convention collective de 97 qui est pourtant une copie de la loi du travail 90-11. De plus, le représentant des travailleurs est un syndicaliste issu du bureau d'entreprise nommé par le DG et il avait, à plusieurs reprises, failli à sa tâche et ne s'est pas chargé de défendre les accusés. «C'est pour cela que l'on demande la dissolution du bureau du syndicat d'entreprise qui a toujours joué le jeu de la direction au détriment des travailleurs», a-t-il dit. L'augmentation sur salaire effective dès ce mois De son côté, Mme Chafri, chargée de communication de l'ETUSA, nous a indiqué que les pertes occasionnées pour chaque journée de grève s'élèvent à deux millions de dinars sans compter les indemnisations aux entreprises avec lesquelles l'ETUSA a signé des conventions. Pour elle, l'entreprise prise au dépourvu à dû faire appel à la direction des transports de wilaya qui a dépêché des bus privés pour assurer le transport. Selon elle, toutes les décisions signées dans le protocole d'accord avaient été prises en compte mais pas au mois d'octobre car «il fallait avoir l'accord du conseil d'administration pour entériner les décisions inscrites dans le PV de réunion du 16 octobre. Le 8 novembre, tout a été avalisé». Au sujet du retard pris dans le versement de la nouvelle augmentation de 2550 dinars, cette responsable nous indiquera que le versement des salaires s'effectue entre le 20 et le 28 de chaque mois. La paye du mois d'octobre avait été calculée le 17 octobre, un jour après le protocole d'accord, et cette augmentation sera visible sur la paye du mois de novembre. Au sujet de la réintégration des éléments licenciés, elle a précisé que dès la semaine prochaine, des commissions de recours seront mises sur pied. En outre, elle estime que le dépôt de plainte de la direction est légitime car les travailleurs n'ont déposé aucun préavis de grève, et leur absence n'est donc pas justifiée. Pour elle, les grévistes se trompent de cible car c'est «un problème syndico-syndical». Elle dénonce également les agissements des leaders du mouvement «qui ne cherchent que leurs intérêts personnels». Pour faire face à la stratégie de la direction générale, les travailleurs ont fait appel hier à un huissier de justice afin de confirmer la présence des travailleurs et inscrire leurs revendications. Les travailleurs envisagent également de déposer une plainte à la cour d'Alger.